Conférence de Londres sur l'Afghanistan :
Oui au renforcement de l'aide civile ! Non aux renforts militaires

La Conférence de Londres sur l'Afghanistan intervient à un moment stratégique : les combats sont de plus en plus violents, le gouvernement Karzaï, couvert de corruption et d'appétits financiers liés à la drogue et aux trafics, accumule les revers politiques, et la situation du peuple Afghan n'a jamais été aussi terrible : augmentation des victimes civiles, destructions, famine... Quant aux opinions publiques du monde entier, les sondages montrent leur hostilité croissante à cette guerre et à l'envoi de nouveaux renforts.

Lire la suite du communiqué du Mouvement de la Paix du 27 janvier 2010

Des déclarations choquantes du secrétaire général de l’Elysée au sujet des journalistes français enlevés en Afghanistan

RSF - e 17 janvier 2010 - Reporters sans frontières réagit vivement aux déclarations de Claude Guéant, secrétaire général de l’Elysée, sur Europe 1, le 17 janvier 2009, concernant les deux journalistes français enlevés en Afghanistan le mois dernier.

« Nous sommes choqués par les propos tenus, il y a une dizaine de jours par Nicolas Sarkozy, et confirmés aujourd’hui par Claude Guéant, son secrétaire général. Dans cette affaire, on a le sentiment que le pouvoir exécutif s’évertue à faire passer les deux journalistes pour des irresponsables. Désigner les journalistes comme des hommes qui prennent des risques inconsidérés et qui reviennent cher à l’armée et aux contribuables, érode le soutien dont ils devraient bénéficier. Insister sur le coût des actions engagées pour retrouver et libérer les deux journalistes est indécent et irrespectueux pour leurs familles », ont déclaré Dominique Gerbaud, président de la section française de Reporters sans frontières, et Jean-François Julliard, secrétaire général de l’organisation.

Dès demain matin, nous solliciterons un rendez-vous officiel à l’Elysée pour évoquer cette affaire et rappeler la nécessité que les journalistes continuent de se rendre dans les zones de guerre.

Il est bon de rappeler que les deux journalistes étaient sur place pour informer en toute indépendance, pour que le monde sache ce qui se passe en Afghanistan. Qu’il sache que l’armée française tente de sécuriser une région pour que l’on puisse y construire des infrastructures utiles à la population. S’il n’y avait pas eu l’enlèvement de nos confrères, il y a fort à parier que les autorités françaises auraient salué ce reportage comme une démarche positive.

Le métier de journaliste ne se résume pas à recopier les communiqués de presse de l’Armée ou de l’Elysée. A la question de savoir s’ils ont pris des risques, la réponse est oui, bien évidemment. Tous les journalistes qui posent le pied en Afghanistan prennent un risque. C’est un pays extrêmement dangereux. Tous les jours, des centaines de journalistes prennent des risques. Comme en ce moment en Haïti. Les deux reporters de France 3 menaient un travail d’intérêt général. Exactement comme ceux qui sont au milieu des gravats de Port-au-Prince. »

Claude Guéant a reconnu dans l’émission d’Europe 1 que cet enlèvement avait suscité la colère du président Nicolas Sarkozy qui a dénoncé à leur propos une "imprudence vraiment coupable", évoquant le fait que "il leur avait été très clairement demandé de ne pas s’aventurer ainsi parce qu’il y a des risques". "Ils font courir des risques aussi à beaucoup de nos forces armées, qui du reste sont détournées de leurs missions principales. » a-t-il ajouté. Refusant de répondre en détail à une question sur la rançon, il conclut néanmoins que "cela a évidemment un coût tout à fait considérable, je me souviens que quelques jours seulement après leur disparition on évaluait déjà ce coût à un million d’euros".

Deux reporters de France 3, un rédacteur et son cameraman, et leurs deux accompagnateurs afghans, ont été enlevés le 29 décembre 2009. Ils enquêtaient sur la construction d’une route dans la province de Kapisa (au nord-est de Kaboul). Leur chauffeur a été libéré, mais il serait détenu par l’armée afghane, soupçonné d’être un complice des ravisseurs.

L’Afghanistan a besoin d’une stratégie de paix et non d’une nouvelle stratégie de guerre

Résolution du Parti de la gauche européenne (PGE) - Berlin 8-10 janvier 2010

Plus de 100.000 soldats étrangers sont actuellement en guerre en Afghanistan. Le gouvernement des USA et Barack Obama veulent augmenter le nombre de leurs hommes de troupe de 30.000 unités. Ils exigent de l’OTAN, de leurs alliés européens, notamment la France, la Grande-Bretagne et l’Allemagne, une plus grande participation en soldats et en armements. Un changement stratégique est prévu lors de la Conférence sur l'Afghanistan du 28 janvier à Londres. Il prévoit d'engager les prestations civiles dans les opérations de guerre. Or, il ne s’agit pas là d’une stratégie de paix, au contraire : il s’agit d’une stratégie qui parie sur l'escalade de la guerre afin de la gagner.

Le Parti de la Gauche Européenne (PGE) condamne cette stratégie impérialiste. Il se prononce pour une stratégie de réconciliation, de paix, de développement civil.

Chaque jour de guerre en plus coûte des vies humaines, attise la haine, chaque jour de guerre en plus renforce le terrorisme et détruit des ressources nécessaires à la reconstruction de l’Afghanistan. Les troupes étrangères en Afghanistan ne protègent pas ceux qui aident à reconstruire ce pays, mais au contraire mettent en danger la vie et l’intégrité physique de ces personnes ainsi que les résultats de leur travail.

La voie vers une solution n’est pas le civil et le militaire, mais le civil au lieu du militaire. En Afghanistan aussi les hommes et les femmes veulent la paix. En Afghanistan aussi la paix est possible. C’est l’Afghanistan lui-même qui la fera naître. Les « DJIRGAS » de paix, les assemblées régionales et tribales pour la paix nous encouragent pour cela.

Le prochain pas décisif est de faire taire les armes. Cela n'est possible que si les troupes étrangères se retirent. Il n'y a pas de solution militaire. C'est pourquoi, alors que la situation ne cesse de s'aggraver, l'enjeu actuel c'est d'aider à une reconstruction de ce pays dans toutes ses dimensions: économique, sociale, institutionnelle et politique. L’Afghanistan a des besoins en matière d’éducation et de formation, d’infrastructures, de droits démocratiques et de droits des femmes et aussi et surtout d’agriculture pour pouvoir nourrir ses habitants.

La paix en Afghanistan nécessite en outre la sécurisation et le soutien de toute la région, donc la coopération avec les pays voisins tels que le Pakistan, l’Iran, la Chine, la Russie, les Etats d’Asie Centrale et l’Inde. En particulier l’Iran et les Etats possédant l’arme atomique l’Inde et le Pakistan doivent s’insérer activement dans un processus d’entente qui affectera aussi leurs relations réciproques et détendra les tensions qui persistent dans cette Région. L'Europe doit définir une politique indépendante des USA et de l'OTAN pour sortir de la stratégie guerrière et ouvrir ainsi, dans le cadre de l'ONU, une possibilité de solution pacifique.

Il faut mettre fin à la guerre contre le terrorisme en Afghanistan, sinon elle deviendra une guerre permanente. Actuellement, le risque existe que cette guerre s'étende au Yémen.

Le Parti de la gauche européenne appelle à soutenir le 28 Janvier les actions de protestation contre la guerre en Afghanistan. Il demande que, dans tous les pays européens, les mouvements et les syndicats, les gouvernements nationaux, les parlements nationaux et le Parlement européen, exigent le retrait des troupes étrangères d’Afghanistan. Le Conseil Exécutif du PGE et son Conseil des Présidents clame haut et fort : L’Afghanistan a besoin d’une stratégie de paix et non d’une nouvelle stratégie de guerre.


Communiqué de presse du MIR

10 Janvier 2010 - Le président Barack Obama a décidé dernièrement de renforcer de 30 000 soldats supplémentaires les troupes américaines en Afghanistan.

Le MIR dénonce, derrière cette escalade militaire, l’attitude irresponsable de la politique américaine dans ce pays ainsi que celle de ses alliés de l’OTAN, dont la France. Monsieur Obama fait honte à son prix Nobel en s’enferrant dans une politique d’intervention militaire qui a montré qu’elle est une impasse et dont la population afghane est la principale victime, particulièrement du fait des bombardements de l'OTAN. La lutte contre le terrorisme à bon dos ! En poursuivant la politique de son prédécesseur et en cautionnant l’arrogante toute-puissance militaire de l’OTAN, il contribue fortement à la haine vis-à-vis de l’Occident dit chrétien. Un terreau de choix pour le développement du terrorisme. Serait-ce le but plus ou moins consciemment recherché ? Les Etats-Unis et l’OTAN ont-ils besoin de se créer des ennemis pour écouler les produits de leurs industries de mort ?

En tant que mouvement chrétien, nous refusons cette politique de fuite en avant mortifère, soutenue par le gouvernement français et le président de la République. Nous demandons aux pays engagés un réel effort en faveur de la population afghane, non pas les miettes de l’effort financier destiné aux armées, mais beaucoup plus pour permettre le développement de l'éducation et du système sanitaire dans ce pays. Dans ces conditions, quelle tristesse de voir la facilité avec laquelle d’énormes crédits militaires sont votés, tout comme les centaines de milliards de dollars, d’euros accordés au monde de la finance…!

La recherche de réponses militaires n’est pas la solution : elle est le problème.Ce problème, c’est l’impuissance des nations, notamment si elles sont puissantes militairement, à réagir autrement que par la violence quand elles sont confrontées à la violence.Interrogeons-nous sur les causes de cette impuissance et cherchons de véritables moyens de paix. Une chose est sûre : ce n’est pas du côté de la puissance dominatrice que nous les trouverons, dans des vengeances et des politiques sécuritaires d’après 11 Septembre, mais dans des relations pacifiées et tournées vers la paix, une paix qui ne peut venir que de l’utilisation de moyens eux-mêmes pacifiques.
Nous demandons instamment au gouvernement français de ne pas envoyer de renforts de troupes en Afghanistan et nous lui demandons une nouvelle fois de retirer immédiatement celles qui y sont déjà déployées.

La Présidente du MIR, Maria Biedrawa

Mouvement international de la Réconciliation
www.mirfrance.org

Afghanistan : refuser tout nouveau renforcement des troupes françaises!

Le Parti communiste français exprime son émotion suite à la mort de 5 soldats en Afghanistan dont un français. Deux autres soldats sont dans un état critique, dont un officier français.

Contrairement aux déclarations consternantes du général Mac Chrystal, qui commande les forces internationales, la situation en Afghanistan n'a jamais été aussi grave depuis l'envoi des troupes, avec des pertes record en 2009: 520 tués pour l'ensemble de la coalition, et 37 soldats français sont morts depuis 2001, dont 11 en 2009.
Cette hécatombe dramatique et inacceptable doit s'arrêter. Il n'y a pas de solution militaire. Même le chef d'Etat major américain Michael Mullen a récemment prévenu qu'il y aurait davantage de pertes avec l'arrivée des renforts décidés par Obama.

Cette situation particulièrement grave montre l'impasse de la guerre de l'OTAN en Afghanistan. Le Président Nicolas Sarkozy doit en tirer immédiatement les conséquences qui s'imposent et refuser tout nouveau renforcement des troupes françaises, sous quelque forme que ce soit.
Nicolas Sarkozy a entamé le crédit de la France en ayant adopté déjà 3 positions différentes sur le rôle français en Afghanistan. Aujourd'hui, il doit assumer l'échec d'une stratégie militaire sans issue.
C'est la stratégie de l'OTAN et l'instrumentalisation des Nations Unies pour la légitimer qui sont en cause. Le Parti communiste réitère son exigence du retrait des troupes de l'Alliance atlantique et en particulier des troupes françaises.

Il faut ouvrir une autre perspective au peuple afghan fondée sur la sécurité et la paix par la reconstruction, dans tous les domaines, par la recherche d'une solution politique avec l'ensemble des pays concernés dans la région, par une aide massive au développement et l'implication de l'ONU sur la base des principes de sa Charte.

Parti communiste français
Paris, le 12 janvier 2010

Débat à l'Assemblée nationale sur la situation en Afghanistan
Compte-rendu intégral - 16 décembre 2009

M. Jean-Paul Lecoq. Monsieur le président, messieurs les ministres, mes chers collègues, avant toute chose, je veux condamner ici fermement l’expulsion, hier soir, des Afghans renvoyés dans leur pays en guerre. (Applaudissements sur les bancs des groupes GDR et SRC. – Exclamations sur les bancs du groupe UMP.)
Ces expulsions indignes font honte à la France et à sa tradition républicaine d’asile. Elles violent le principe de non-refoulement garanti par la convention européenne des droits de l’homme et par la convention de Genève. Elles témoignent du cynisme de ce gouvernement, qui n’hésite pas à mettre en péril, au nom d’une politique du chiffre, la vie d’hommes qui ont fui un pays en guerre. Les députés communistes, républicains et du Parti de gauche demandent donc l’arrêt immédiat de toute expulsion vers l’Afghanistan, plongé dans le chaos. (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR et sur plusieurs bancs du groupe SRC.)
Huit ans après le début de la guerre, la coalition internationale est incontestablement en situation d’échec, de l’aveu même du commandant des forces internationales, Stanley McChrystal, qui est allé jusqu’à ajouter : « Soit on met 450 000 hommes à disposition, soit on s’en va ! » En effet, la stratégie menée en Afghanistan s’est révélée à la fois inefficace, contre-productive et inconséquente.
Le constat est accablant : la situation s’est globalement détériorée, l’insurrection à laquelle la coalition est confrontée résiste et s’accroît. Au terme de huit années d’occupation militaire, les victimes civiles se comptent par milliers et le quotidien est synonyme d’insécurité pour les citoyens afghans. L’Afghanistan constitue toujours un foyer de violence ; loin d’être anéantis, les talibans ont renforcé leur capacité de résistance et les forces militaires présentes sur place, y compris les forces françaises, s’épuisent à les poursuivre.
Les bombardements aériens tuant civils, femmes et enfants, que les militaires préfèrent habiller sous le vocable plus technique de « dommages collatéraux », se multiplient. On ne compte plus les mariages et les fêtes écrasés sous les bombes pour avoir été confondus avec des regroupements de talibans. La plupart des victimes civiles sont le fait de la coalition, de leurs frappes ponctuelles d’appui des troupes au sol ou de bombardements décidés lors d’opérations d’urgence. Ces tueries à répétition dressent la population contre l’occupation du pays et donnent à cette guerre des relents néocoloniaux.
Les principales manifestations du modèle occidental sur le sol afghan sont morbides : occupation par une armée ultramoderne, synonyme de mort et de destruction ; accroissement des tensions et de l’insécurité. D’après les Nations unies, 2118 civils ont été tués dans des violences en Afghanistan en 2008, année la plus meurtrière pour la population afghane depuis le renversement des talibans, en 2001.
Dans ce contexte militaire et sécuritaire, la reconstruction de la société afghane semble reléguée au second plan et les populations paraissent abandonnées à leur sort tragique. Les ONG alertent sur la situation humanitaire. Dans son rapport de 2009, l’UNICEF déplore que plus de 40 % du pays soit inaccessible aux agents humanitaires. Elle relève que plus de 150 000 personnes sont déplacées à l’intérieur du pays et plus de onze millions affectées par la sécheresse et le prix élevé des denrées alimentaires. Elle ajoute que le pays a régulièrement connu en 2008 des inondations, des flambées de maladies diverses et des déplacements forcés de population. Elle note également qu’en dépit d’une diminution de la mortalité des enfants de moins de cinq ans, les services de santé n’atteignent toujours pas les populations marginalisées et celles qui vivent dans des zones isolées et difficiles d’accès. Le 16 octobre 2009, seize ONG œuvrant sur place et plusieurs organisations de la société civile, afghanes et internationales, ont demandé d’urgence des améliorations dans les secteurs de la santé, de l’éducation et des droits de l’homme.
Outre ce désastre humanitaire, l'économie de la drogue est plus que jamais florissante. Deux rapports récents de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime mettent en lumière les effets corrosifs de la drogue sur l'ensemble de la société afghane et indiquent que « si le fait de contrôler la drogue ne résoudra pas tous les problèmes du pays, les problèmes du pays ne peuvent être résolus sans contrôler la drogue ».
Les chiffres sont édifiants : 90 % de l'opium mondial vient d'Afghanistan. Chaque année, 900 tonnes d'opium et 375 tonnes d'héroïne sortent clandestinement de ce pays. La corruption, le non-respect des lois et l'absence de contrôle aux frontières, à l’origine de tant de problèmes, font que seuls 2 % des opiacés produits sont interceptés. L'économie de la drogue génère une manne financière qui se révèle un puissant outil de corruption.
Ce même rapport indique que 60 % des parlementaires afghans sont liés à des personnes ayant un intérêt dans le trafic d'opium – chefs de guerre, trafiquants ou personnes assurant leur protection. Les représentants de l'État afghan, encore embryonnaire – policiers, magistrats, gouverneurs – sont, selon l'ONU, souvent corrompus par les trafiquants pour faciliter le transport de la drogue et bloquer toute éradication. L'élite nationale en place reste donc rongée par cette corruption qui gangrène l'État afghan dans son ensemble jusqu'au plus haut niveau.
Dans ce contexte, la question de la stabilité des institutions afghanes est posée. Elle est même devenue d’une acuité toute particulière après que les résultats des élections présidentielles ont abouti à une impasse.
À cet égard, je tiens à rappeler les propos qu’a tenus le Président Sarkozy devant la conférence des ambassadeurs, le 26 août 2009, au sujet des élections présidentielles en Afghanistan : « La campagne électorale s'est bien déroulée », a-t-il affirmé, sans dire un mot des graves irrégularités qui ont entaché le premier tour de scrutin. Ce silence sur le trucage des élections renvoie à celui qui a entouré les révélations de la presse américaine sur l'usage de la torture par les États-Unis dans des camps de prisonniers en Afghanistan. Ce silence en dit long. Il montre que, contrairement à ce qu'affirme le Président, nous ne pesons pas grand-chose et que seuls les États-Unis définissent leur stratégie et celle de l'OTAN en Afghanistan. Le retour de la France dans les structures militaires de l'OTAN n'a rien changé. Le monde entier n'a pas à suivre un seul pays dans cette fuite en avant.
Les soldats français, si courageux soient-ils – j'ai eu l'occasion de les rencontrer sur place et je sais que leur comportement à l'égard des populations et le sérieux de leur attitude sont salués par les observateurs –, sont engagés dans une impasse au péril de leur vie. Une question se pose, voire s'impose : pour qui et pour quoi combattent-ils ? Il s'agit d'une question simple face à laquelle le chef de l'État reste confus, évasif, se contentant de répondre à coup d'arguments d'autorité.
L'objectif initial de cette guerre était la capture de Ben Laden et des leaders d'Al-Qaïda. Où en sommes-nous aujourd'hui ? L'objectif est-il resté le même ? Ben Laden est-il toujours recherché ? La décision de rester « aussi longtemps qu'il sera nécessaire » ne s’approche en rien de la définition d’un objectif précis justifiant la présence française en Afghanistan.
La raison de la présence française échappe, vous le savez, à bon nombre de nos concitoyens. Le combat contre le terrorisme est une question de principe, que nul ne discute, mais il faut se poser la question de l'efficacité de ce combat.
Cette lutte ne peut se résumer à l'occupation militaire de l'Afghanistan. Il est grand temps d'organiser une sortie de crise. Nous demandons le retrait des forces de l'OTAN d'Afghanistan, messieurs les ministres. Vous avez vous bien entendu : nous demandons le retrait des forces de l'OTAN d'Afghanistan.
L'OTAN n'est pas la solution, elle fait partie du problème. On ne peut rester dans cette impasse. La France et ses partenaires européens devraient faire preuve non seulement de lucidité, mais surtout d'indépendance, en refusant de contribuer à ce désastre sécuritaire, politique et humain.
Un changement profond de stratégie doit être adopté afin de donner la priorité à un processus politique de résolution de cette crise. Il devra nécessairement favoriser un consensus régional et avoir pour axe prioritaire le développement du pays et la coopération.
Pour cela, il faut faire jouer aux Nations unies un rôle beaucoup plus important. C'est la raison pour laquelle nous souhaitons que la France, en sa qualité de membre permanent du Conseil de sécurité, prenne 1'initiative de proposer 1'organisation d'une conférence internationale, sous l'égide de l'ONU, pour définir précisément les conditions d'une paix négociée et durable en Afghanistan, prenant en compte toute la diversité des différentes composantes du peuple afghan. Cette conférence devrait, bien sûr, réunir des voisins immédiats comme l'Iran et, bien évidemment, le Pakistan, car les effets de cette guerre sont très déstabilisants pour ce pays. Il faudra aussi y associer l'Inde, la Chine, la Russie, la Turquie et d’autres pays.
Dans ce cadre, nous demandons la définition d'un nouveau mandat de l'ONU, un mandat clair centré sur les conditions de la paix, la reconstruction et le développement de ce pays. Et nous verrons bien si ceux qui dilapident aujourd'hui des milliards pour la guerre seront prêts à consacrer à la paix les mêmes sommes pendant autant d'années. L'application de ce mandat devrait être confiée à des forces internationales, sous le drapeau des Nations unies. Il est grand temps de sortir de l'impasse tragique à laquelle a conduit cette guerre.
Monsieur le ministre des affaires étrangères, je vais utiliser les trente secondes qui me restent pour saluer le courage d’une grande dame aujourd'hui déportée, dont le seul crime est d'avoir respecté les résolutions des Nations unies en indiquant le nom de son pays sur sa carte de débarquement alors qu'elle rentrait des États- unis où elle a reçu un prix récompensant son combat pacifique pour le respect du droit international. Elle s'appelle Aminatou Haidar et son pays, le Sahara occidental, est actuellement occupé par le Maroc. Allez-vous la laisser mourir de sa grève de la faim à l’aéroport de Lanzarote ? (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.)
Pourra-t-elle revoir ses deux enfants ? Le défenseur du concept d'ingérence humanitaire que vous êtes ne se doit-il pas d’intervenir ?
Pour construire la paix en Afghanistan et ailleurs, il importe que la communauté internationale soit crédible. Aussi faut-il d'urgence cesser l'application à deux vitesses des résolutions des Nations unies, que ce soit pour les Palestiniens ou les Sahraouis. La France est grande dans le monde, non lorsqu’elle fournit des militaires, mais lorsqu'elle a le courage politique de défendre ses valeurs fondamentales. (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR.)

Communiqué de Michelle Demessine, ancienne ministre, sénatrice du Nord, secrétaire du Sénat

Après le renvoi de 27 afghans dans leur pays d’origine, le 21 octobre dernier, le gouvernement récidive en renvoyant 9 nouveaux afghans dans ce pays en guerre, demain mardi, selon la Cimade.
Eric Besson, Ministre de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du Développement solidaire, avait pourtant promis de ne plus recourir à ces « charters de la honte » tant que la situation ne se serait pas améliorée en Afghanistan. C’est pourtant bien l’inverse qui est en cours puisque l’insécurité y est en perpétuelle augmentation. Pour faire accepter ces expulsions d’afghans par l’opinion publique, le gouvernement déguise la réalité.
En Afghanistan, selon l’ONU, pour la seule année 2008, 2 118 civils ont été tués dans les violences. Pourtant le gouvernement par le biais du ministre de la défense s’entête à affirmer que ce pays n’est pas en guerre.
Cette décision est indigne de notre pays, celui des droits de l’homme. C’est pourquoi, je me joins à la demande de la Cimade en appelant solennellement le Premier Ministre à ne pas procéder à ces expulsions.

Paris, le 14 décembre - Contact presse (Aymeric Duvoisin, assistant parlementaire) : 06 98 80 69 88 aymeric.duvoisin@gmail.com

Les troupes de l’Otan, hors d’Afghanistan ! Aucun renfort français !

Communique de presse du Collectif Otan-Afghanistan: 2 décembre 2009
Barack Obama a décidé le déploiement accéléré de 30.000 soldats supplémentaires en Afghanistan. Cette escalade militaire accélère l'enlisement et la régionalisation de la guerre.

Revenant sur ses propos antérieurs, le Président Nicolas Sarkozy s’est empressé de saluer un "discours courageux, déterminé et lucide" réaffirmant l’engagement de la France. Aujourd'hui, il laisse entendre que le gouvernement pourrait répondre à la demande d’Obama et accroître la participation de la France alors que près de 4.000 soldats français participent déjà à cette sale guerre.

La fuite en avant militaire décidée par Barack Obama et le Pentagone ne peut qu’aggraver la situation dramatique du peuple Afghan. Il est inacceptable que les Etats-Unis et leurs alliés consacrent des milliards pour imposer par la violence leur présence en Afghanistan en faisant payer le prix de la guerre à leurs propres peuples. Les renforts envoyés par Barack Obama augmenteront la facture de la guerre de 30 milliards de dollars. Nicolas Sarkozy s’est d'ores et déjà engagé à apporter la contribution de la France.

Les manifestations en octobre et novembre, tant en France qu'en Grande Bretagne, en Allemagne ou aux États-Unis, viennent appuyer les sondages qui montrent que les opinions publiques sont très majoritairement pour le retrait des troupes.

Les organisations du Collectif Otan-Afghanistan demandent l'arrêt des opérations militaires et de l'envoi de renforts, le retrait des troupes de l’Otan afin de rendre aux Afghans leur indépendance et les clés de la reconstruction du pays.

Premiers signataires: MRAP, PCOF, NPA, PCF, LIFPL, MOUVEMENT DE LA PAIX , LES VERTS, ANECR, M'PEP, PARTI DE GAUCHE, COLLECTIF DES IRANIENS CONTRE LA GUERRE

Contact - Arielle Denis : 06 87 14 89 33

Un radar occupé par les pacifistes pour empêcher le tir du M51

1er décembre 2009 - Une dizaine de militants du collectif "Non au missile M51" ont occupé ce matin le radar principal du Centre d'Essai et de Lancement de Missiles (CELM) des Landes (40), à une heure de Bordeaux, pour empêcher le dernier tir d'essai du futur missile nucléaire M51.

Ce matin à 8 h, le groupe d'inspecteurs citoyens s'est introduit sur le site militaire de Biscarrosse et a procédé à l'occupation du radar de la plage nord de Mimizan.

Après plus d'une heure de blocage, ils ont été arrêtés par les gendarmes du CELM, venus en nombre, et interrogés avant d'être libérés en attente de convocations du juge.
Ils sont repartis cet après-midi sur Biscarrosse et les communes avoisinantes pour informer la population sur la signification des modifications apportées à ce nouveau missile, qui n'est plus une arme de dissuasion et de non emploi mais une arme offensive, faite pour servir sur les champs de bataille de demain.

Cette action non-violente était menée dans le cadre de la campagne d'opposition au M51, à l'occasion du tir d'essai prévu aujourd'hui, premier tir en conditions réelles depuis le sous marin "Le Terrible" et dans le contexte du renouvellement total de l'arsenal nucléaire français d'ici à 2010.
Le collectif s'insurge une nouvelle fois contre la violation de l'article VI du traité de non-profilération, et ce à cinq mois de la révision de ce traité, et réaffirme sa détermination à mener toutes les actions nécessaires, dans le respect de la non-violence, pour que la France rentre dans la voie du désarmement.

Contact : Jean-Charles Darrieux : 06 47 19 71 89.
www.nonaumissileM51.org

Des activistes anti-guerre perturbent l'assemblée parlementaire de l'OTAN à Edimbourg


La police écossaise maîtrise par la force un handicapé en fauteuil.

Le matin du 17 novembre 2009, des membres de Trident Ploughshares ont bloqué l'entrée du Centre de Conférences International pendant un quart d'heure alors que les parlementaires des pays de l'OTAN se rassemblaient pour leur session finale. Plus d'infos (en anglais)

Discours de la sénatrice Michelle Demessine devant le Sénat lors du débat sur l'Afghanistan

Débat sur la situation en Afghanistan et la mission de nos troupes dans ce pays. (Lundi 16/11/09)

Monsieur le Président,
Messieurs les ministres,
Mes chers collègues,

S’ajoutant à un bilan extrêmement grave avec 1400 militaires de la coalition dont 36 français tués au combat ; au début du mois de septembre, la mort de deux d’entre eux et les victimes civiles d’une frappe aérienne ont de nouveau posé la question de l’opportunité, de la durée, de l’efficacité et des buts précis de la mission menée dans ce pays sous la bannière de l’Otan.
Le groupe CRG/SPG, ainsi que nos collègues socialistes, avait alors demandé au Premier Ministre que le gouvernement vienne à nouveau devant le Parlement, comme il l’avait fait un an plus tôt, pour exposer sa politique et présenter les mesures qu’il conviendrait de prendre au vu de la dégradation de la situation.
Arguant de façon spécieuse de l’article 35 de la Constitution, qui prévoit que les interventions d’une durée supérieure à quatre mois font l’objet d’une autorisation du Parlement, et du fait que nous avions déjà voté il y a un an, le Premier Ministre a refusé que ce débat ait lieu.
Je remercie donc le président Larcher d’avoir malgré tout inscrit cette discussion à l’ordre du jour de notre Assemblée, mais je déplore que nous ne puissions à nouveau nous prononcer par un vote.
Pour préparer avec sérieux ce débat et discuter en toute connaissance de cause, le Président du Sénat avait souhaité se rendre sur place avec une délégation représentative des différents groupes de notre Assemblée.
J’ai participé à cette mission d’information qui s’est récemment rendue en Afghanistan.
J’ai ainsi pu me rendre compte, de visu, de la gravité et de la dégradation de la situation sécuritaire, politique et économique de ce pays.
Cela m’a malheureusement conforté dans l’opinion que j’avais sur l’inadaptation et l’inefficacité de la mission confiée aux troupes de l’Otan en Afghanistan.
Je voudrais pourtant, avec sincérité, saluer le professionnalisme, le courage et la volonté inébranlable de nos soldats qui combattent sur place pour mener à bien une mission aussi difficile.
J’ai pu le mesurer, et en faire concrètement l’expérience, lorsque nous nous sommes rendus sur les bases avancées de Nijrab et de Tagab, auprès des hommes du 3ème RIMa (prononcer : ri.ma), ou auprès de ceux qui assuraient la protection de notre délégation.
Ceci étant dit, l’opération, qui en 2001 ne devait pratiquement pas entraîner de morts puisque les talibans avaient été vaincus par les Américains et leurs alliés, est rapidement devenue une guerre anti-insurrectionnelle de plus en plus incomprise des opinions publiques des pays participant au conflit, et de plus en plus meurtrière pour les populations civiles afghanes.

Pour qui et contre qui se battent nos troupes dans ce pays?
Ce qui pouvait être relativement clair au début tend maintenant à se brouiller.
Après huit années de présence militaire en Afghanistan quelques progrès importants ont certes été accomplis, comme la construction de 14.OOO kilomètres de routes, la scolarisation de 6 millions d’enfants, dont les petites filles, l’accès de 80% de la population à des soins de base.
Mais ils sont limités au regard des besoins immenses, et surtout ils sont très éloignés des principaux objectifs initiaux.
Huit ans après, il est temps de regarder la réalité en face. La coalition a failli dans sa mission de reconstruction de l’Etat afghan. Les élections en Afghanistan n’ont été qu’une mascarade où les fraudes ont été massives et Hamid Karzaï, apparaît aux yeux du peuple afghan comme la marionnette de l’Occident. La corruption gangrène tous les échelons du pouvoir afghan qui pâtit d’un manque de légitimité croissant auprès des populations.
La situation ne cesse de se dégrader. Le bilan de cette guerre est effroyable. Selon l’ONU, pour la seule année 2008, 2 118 civils ont été tués dans les violences en Afghanistan dont 828 du fait des forces pro-gouvernementales notamment des bombardements de la FIAS. En cherchant à tuer les talibans, les forces de l’Otan n’épargnent pas les civils et violent fréquemment les droits de l’homme. Résultat, elles sont perçues par la population comme une armée d’occupation qui sévit en toute impunité. Au sein du peuple afghan, cette stratégie basée sur l’intervention militaire a contribué à l’aggravation du sentiment d’hostilité vis-à-vis de l’Occident.
Au plan militaire et sécuritaire, nous menons des actions de guerre sans victoire et sans ennemis clairement identifiés.
Nous menons une guerre meurtrière, aux objectifs flous, sans perspective de sortie.
Les insurgés, comme nous avons pu le constater lors de notre séjour, sont aux portes de Kaboul. Ils sont dominants dans le Sud où les voies de communication ne sont pas sécurisées, ils menacent dans le Nord où la coalition tient les agglomérations, mais plus rien la nuit, ils contrôlent une quinzaine de villes importantes.
La nouvelle stratégie préconisée par les généraux américains Petraeus et McChrystal qui consiste à « gagner les cœurs » et les esprits, c'est-à-dire la confiance des populations en mettant l’accent sur les actions civilo-militaires de développement, mais à la condition d’un nouveau renfort de 40 000 soldats demandé à la coalition, n'est pas de nature, me semble t-il, à permettre inverser le cours des choses.
Cette confusion des genres entre actions militaires et action de développement, dans laquelle nous nous inscrivons d’ailleurs pleinement, rappellera certainement aux plus anciens d’entre nous l’échec de tentatives similaires en Algérie avec les SAS, les « sections administratives spéciales ».

Comme nous n’avions pu, à mon grand regret, le faire à Kaboul, j’ai rencontré différentes ONG opérant sur place dès mon retour à Paris. Je souhaite d’ailleurs qu’elles puissent être reçues par notre commission afin que tous les sénateurs puissent disposer de toutes les sources d’information sur la réalité de la situation sur le terrain.
Leurs représentants m’ont tous dit leur inquiétude, voire leur critique, sur la façon dont est abordée la question de l’aide au développement du pays.
Notre aide civile ne répond pas assez aux attentes et aux besoins des populations et est trop souvent subordonnée aux stratégies de pacification d’un secteur et de ralliement des populations.
Nous consacrons dix fois plus aux actions militaires qu’aux programmes civils humanitaires ou de développement.
Certaines ONG craignent vraiment que leurs activités soient confondues avec celles des forces de l’Otan qui sont souvent considérées comme des troupes d’occupation, ce qui décrédibilise tous les efforts de reconstruction et de démocratisation.
Elles déplorent que loin de gagner les cœurs et les esprits, cette stratégie génère frustration et colère, crée des relations malsaines avec la population locale, nourrit la corruption plus qu’elle ne la combat et parfois apporte un soutien inespéré aux insurgés.
Messieurs les ministres, mes chers collègues,
Comme vous le savez, la nouvelle stratégie de commandement de la FIAS repose sur trois piliers inséparables.
La Gouvernance : les résultats ne sont pas au rendez vous !
Le Développement : je viens d’en parler !
La Sécurité : là aussi on ne peut exprimer qu’un immense scepticisme s’agissant du processus d’afghanisation de l’armée présenté comme un élément essentiel de la nouvelle stratégie.
Aujourd’hui, les forces de sécurité afghanes ce sont 90 000 soldats et 80 000 policiers. Le Général McChrystal nous a dit fixé le seuil de 400 000 hommes, armée et police confondus, pour assumer la sécurité du pays. Notre délégation s’est particulièrement attachée à s’enquérir de la faisabilité d’un tel projet.
Mais si j’en crois une récente étude parue dans la lettre mensuelle du nouvel Institut de recherche stratégique de l’école militaire (l’IRSERM), le bilan de ce programme destinées à ce que les afghans puissent à terme prendre en main leur sécurité, est très décevant.
Selon cette étude, 34% de ces militaires désertent, faute de soldes suffisantes et par manque de motivation. Les conflits ethniques entre stagiaires, l’absence de logement, les techniques de combat imposées par la coalition, et l’inadaptation des équipements expliquent également ce bilan inquiétant.
A tel point que l’expert militaire qui a réalisé cette étude a pu parler de « spirale vietnamienne ».
Au chapitre des objectifs initiaux non atteints, j’ajouterai aussi que la création d’un Etat-nation est en panne, que les tensions interethniques s’accentuent et qu’une politique de réconciliation nationale est encore loin de pouvoir voir le jour.
En matière de santé et d’éducation les choses n’avancent plus, et les droits des femmes afghanes sont quasiment inexistants.
Enfin, la lutte contre la culture et le trafic de la drogue est entravée par la corruption du régime et de ses soutiens, ce qui explique aussi que l’aide internationale soit en grande partie détournée au détriment des populations qui ne voient pas leur situation s’améliorer.
Cela renforce incontestablement le prestige des talibans et la confiance qu’une partie de la population a en eux.
Face à ce bilan négatif, comment corriger les choses pour éviter cet échec annoncé et programmé ?
Vous êtes face à la détérioration de la situation, et sourd, comme d’autres pays, aux doutes et aux protestations de l’opinion publique. 65 % de nos concitoyens et 62% des britanniques souhaitent le retrait des troupes d’Afghanistan. 56 % des américains s’opposent à l’envoi de renforts.
Nous sommes frappés par l’absence de vision à long terme et l’indécision dont fait preuve votre gouvernement.
Votre indécision est la conséquence de notre perte d’autonomie stratégique depuis que nous avons pleinement réintégré le commandement militaire de l’Otan sans exiger aucune contrepartie.
Vous semblez ainsi suspendu aux mesures que doit annoncer le président Obama qui a bien du mal à « débushiser » la doctrine américaine.
C’est la raison pour laquelle nous avons proposé ce débat, car la France est là-bas à la croisée des chemins.
Messieurs les ministres, notre pays attend du gouvernement des réponses claires et précises sur les enseignements que vous tirez de huit années d’engagement militaire en Afghanistan !
Nous attendons que vous nous exposiez enfin vos solutions pour sortir de l’impasse dans laquelle nous nous trouvons au sein de cette coalition internationale sous commandement de l’Otan !
Pour notre part, nous estimons que si la stratégie globale des forces de l’Otan est erronée et inefficace, il ne s’agit pas simplement de l’adapter, comme le préconisent les Etats-Unis et leurs partenaires, mais d’en changer.
Tout le monde s’accorde aujourd’hui à reconnaître qu’il n’y a pas de solution militaire à ce conflit et que la seule issue procèdera d’un règlement politique.
Pourtant, si nos troupes n’ont pas vocation à rester dans ce pays, nous savons aussi que nous ne pouvons le quitter sans qu’y soit rétablie la sécurité et sans que les Afghans ne retrouvent à la fois la maîtrise de leur destin et des conditions de vie décentes.
La construction d’un Etat viable et les bases d’un développement économique sont les préalables indispensables à la réalisation de ces objectifs.
C’est en affirmant clairement des objectifs de paix qu’il faudra inscrire dans le même temps le processus de retrait de nos troupes.
L’enjeu c’est donc bien la reconstruction de ce pays dans toutes ses dimensions : une économie nationale, un Etat de droit, une administration, une armée, une police, des services sociaux, un système éducatif…
Mais le retour de la sécurité dépendra aussi et surtout du niveau de l’effort national et international qui sera entrepris pour répondre aux vrais besoins de développement.
Si la question de la sécurité est décisive, on ne peut la traiter en dehors du contexte régional et international, car tout est lié.
Il faut réintégrer pleinement l’ONU dans la résolution de ce conflit. Elle doit reprendre le mandat qu’elle avait confié à l’OTAN.
C’est pourquoi nous souhaitons que la France, en sa qualité de membre permanent du Conseil de sécurité, prenne l’initiative de proposer l’organisation d’une conférence régionale pour définir précisément les conditions d’une paix négociée et durable en Afghanistan avec toute la diversité des différentes composantes du peuple afghan.
Celle-ci devrait réunir des voisins immédiats comme l’Iran ou le Pakistan, mais aussi associer l’Inde, la Chine, la Russie, la Turquie, et bien sûr. Pour être efficace, cette conférence pourrait être parrainée par des représentants des Etats-Unis et de l’Union européenne.
Afin que l’Onu redevienne ainsi le principal acteur du rétablissement de la paix et de la sécurité, il reviendrait ensuite au Conseil de sécurité de garantir les conclusions de cette conférence régionale.
Enfin, pour que l’Onu reprenne complètement la main sur la résolution de cette crise, il serait nécessaire de définir un nouveau mandat, sur la base des conclusions de cette conférence régionale, axé sur les conditions de la reconstruction et du développement de ce pays.
L’application de ce mandat pourrait être confiée à des forces internationales, sous le drapeau des Nations Unies, qui prendraient le relais de l’Otan.

Telles sont les propositions que nous versons au débat pour mettre un terme à cette intervention militaire et pour sortir de l’impasse dans laquelle elle nous a conduit.

Un centre de recrutement militaire investi à Paris

7 Octobre 2001 - 7 Octobre 2009
Huit ans de destructions : Retrait des troupes !

A l'occasion du huitième anniversaire de l'occupation de l'Afghanistan, des membres d'Agir Contre la Guerre, Americans Against the War, Mouvement de la Paix, du CEDETIM, et du Nouveau Parti Anticapitaliste ont investi le centre de recrutement et d'information de l'Armée de terre à Paris au nom du collectif OTAN-Afghanistan. Ils ont jeté des milliers de flyers exigeant le retrait des troupes françaises, exprimant ainsi leur solidarité avec le peuple afghan de Kaboul à Calais, demandant la fermeture des casernes et l'ouverture de bureaux de postes, d'écoles et d'hopitaux.

Du sang a été projeté dans le centre et de la peinture rouge sur la façade.
Alors que l'armée française justifie des "dommages collatéraux" qui font des milliers de morts en Afghanistan, cette action a entraîné une réponse policière démesurée. Treize personnes ont été arrêtées et relâchées après un contrôle d'identité pour "dégradations de biens publics en réunion".

Collectif Otan - Afghanistan, 7 octobre 2009. www.otan-non.org

Photos de Miguel Medina

Union pacifiste : Motion du congrès 2009

Réunie en congrès, à Drevant, près de Saint-Amand-Montrond (Cher), les 26 et 27 septembre 2009, l’Union pacifiste, section française de l’Internationale des résistants à la guerre (IRG), constate que :

- le chef des armées sort de son chapeau une pharaonique loi de programmation militaire 2009-2014. Le culte du sécuritaire et le secret généralisé n’existent que par la folie de gouvernements producteurs de bombes et semeurs de terroristes. Les profiteurs de guerre, volent le budget public sans craindre les poursuites. Trois milliards de damnés de la terre les remercient pour leurs pauvretés, maladies et famines.
- les impôts ne couvrent pas le centième des énormes déficits, causés en particulier par le budget de la Défense : les mercenaires n’engendrent que chômage, misère et délinquance.
- la guerre concerne de plus en plus l’Hexagone. Des soldats français meurent ou sont blessés en Afghanistan. L’Otan ne se contente plus de fabriquer et d’exporter les conflits, mais les importe avec ses bombardements également médiatiques. Au lieu de réintégrer l’Otan, il est temps de dissoudre cette alliance belliciste, tout comme l’a été en 1990 le Pacte de Varsovie.
- en Iran par le fallacieux prétexte de lutte contre le terrorisme les « maîtres du monde » préparent encore une intervention militaire où la population sera la première victime.

L’Union pacifiste de France demande expressément le retrait des troupes françaises de l’Afghanistan et réaffirme que le désarmement unilatéral (abolition des armes et des armées) reste la seule issue afin de sortir du terrorisme d’État.

Union pacifiste de France
B.P. 196, Paris cedex 13
Tél : 01 45 86 08 75 – union.pacifiste@wanadoo.fr

Le HCR inquiet du sort de migrants après le démantèlement d'un camp à Calais

22 septembre 2009 – Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) a appelé les autorités françaises à rechercher une solution adaptée pour les migrants installés dans un camp de fortune à Calais, dans le nord de la France, qui a été démantelé par le gouvernement mardi.

« Nous appelons en particulier les autorités françaises à assurer que les personnes souhaitant demander une protection internationale en tant que réfugiés puissent accéder à une procédure d'asile complète et équitable, avec le droit de faire effectivement appel », a dit le porte-parole du HCR, Andrej Mahecic, lors d'un point de presse à Genève.

« Ces personnes devraient également bénéficier d'un hébergement convenable durant la période de l'examen de leur demande d'asile. Des mesures spécifiques doivent être prises pour les mineurs non accompagnés », a-t-il ajouté.

Mardi matin, les autorités françaises ont commencé à démanteler le camp de fortune, où se trouvaient des migrants – majoritairement des Afghans – attendant de rejoindre le Royaume-Uni. Selon les informations obtenues par le HCR, seul un petit nombre d'entre eux se trouvaient encore sur place ce matin, la plupart ayant déjà quitté les lieux.

Le HCR dit reconnaître le besoin de lutter contre le trafic et la traite d'êtres humains ainsi que le droit pour le gouvernement français de maintenir l'ordre public. « Nous sommes convaincus que cette opération sera menée dans des conditions correctes et humaines. Toutefois la fermeture de ce camp appelé la « jungle » ne mettra pas fin au phénomène de la migration mixte et irrégulière, et elle ne résoudra pas les problèmes des personnes concernées avec, parmi elles, un grand nombre qui pourraient avoir besoin d'une protection internationale », a dit le porte-parole de l'agence des Nations Unies.

Selon le HCR, la situation de Calais souligne à nouveau le besoin pour les gouvernements en Europe d'intensifier leurs efforts pour mettre en place un système d'asile européen commun, non seulement sur le papier mais aussi dans la pratique.

Afghanistan: la mort de 3 soldats pose la question de la nature de l’engagement français. Un débat au Parlement s’impose

La mort accidentelle de 3 soldats français, au cours d’une opération de nuit en Afghanistan, suscite une émotion légitime et beaucoup d’inquiétude. Le Parti communiste français souhaite partager la douleur des familles et des proches.

Cet événement dramatique pose une fois encore la question de la participation de la France à une guerre des Etats-Unis et de l’OTAN alors que de plus en plus de voix se font entendre en France et dans le monde pour dire qu’il n’y a pas de solution militaire à la crise afghane. C’est aujourd’hui plusieurs dizaines de militaires français qui ont perdu la vie en Afghanistan sans que l’on puisse voir, en effet, le début d’une issue à cette situation tragique et qui s’aggrave de jour en jour.

Le Parti communiste français réitère son exigence du retrait des troupes de l’OTAN. La France et ses partenaires européens doivent prendre les initiatives nécessaires pour redéfinir la nature d’un engagement international, sous l’égide de l’ONU, en faveur de la reconstruction, de la sécurité et de la souveraineté pour le peuple afghan. Il y a urgence.

Un débat au Parlement s’impose maintenant. Les autorités de notre pays doivent aussi susciter un examen de la question afghane par les Nations–Unies, au Conseil de Sécurité et à l’Assemblée générale réunie actuellement.

Communiqué du Parti communiste français 27 septembre 2009

Afghanistan : Retrait des troupes !

Le collectif OTAN-AFGHANISTAN se saisit de la Journée internationale de la Paix du 21 septembre pour appeler au retrait des troupes françaises et internationales d'Afghanistan.


Le site du bombardement de l'OTAN, qui a tué 90 personnes et détruit deux
camions-citernes dérobés par les Talibans près de Kunduz le 4 septembre.

Les dernières semaines ont illustré tragiquement le bilan de huit années d'occupation en Afghanistan avec aujourd’hui la crainte qui se précise d’une extension grave du conflit au Pakistan.

La démocratie ? La farce électorale est totale avec la fraude massive utilisée par celui-là même que les forces d'occupation ont nommé à la tête du pays, Hamid Karzaï.
Le développement du pays ? Il est vrai que l'Afghanistan est devenu ces dernières années le premier producteur mondial... d'opium. Les seuls secteurs qui se sont développés sont ceux de la drogue et du commerce d'armes dont le premier bénéficiaire est le frère d'Hamid Karzaï devenu l'homme le plus riche du pays.
La population ? Les six premiers mois de 2009 ont dépassé le sinistre record de 2008 en nombre de victimes civiles afghanes.
La situation des femmes ? Loin d'être libérées, les bombes de l'OTAN n'ont fait qu'aggraver leur sort. Enfoncées dans l'analphabétisme et la misère, victimes des bombardements, elles subissent toujours la charia confirmée par la nouvelle Constitution élaborée en présence des forces d'occupation et qui légalise notamment le viol au sein du mariage.

Outre le fait que la démocratie ne peut se construire dans un pays occupé militairement, l'occupation de l'Afghanistan détruit chaque jour davantage les conditions permettant un développement économique et politique.
L'avenir de l'Afghanistan passe par un retrait des troupes de l'Otan, par le rétablissement de la souveraineté totale pour le peuple afghan et une véritable aide internationale pour permettre la reconstruction d'un pays détruit par les occupations successives.

Au mois d'août, avant même la mort de deux soldats du contingent français, un sondage indiquait que 64% des Français se prononçaient pour le retrait des troupes d'Afghanistan, ainsi que dans de nombreux pays où se développent la contestation comme en Allemagne, en Grande Bretagne et même aux Etats-Unis. Nous refusons la double peine infligée par la politique de Sarkozy qui ferme les entreprises et envoie des jeunes sans avenir se faire tuer pour des intérêts qui ne sont pas les leurs.

A l'occasion de la journée mondiale de la paix du 21 septembre, les organisations du Collectif Otan-Afghanistan exigent le retrait immédiat des troupes françaises et des troupes de l'Otan d'Afghanistan. Elles rappellent leur exigence de dissoudre l'Otan, cette alliance militaire qui est un obstacle à la paix et rend le monde de plus en plus conflictuel.

18 Septembre 2009 - Communiqué du Collectif OTAN-AFGHANISTAN

Contacts : arielle.denis@mvtpaix.org
06 87 14 89 33 ou 01 40 12 09 12

Le Parlement doit débattre de l’engagement de nos troupes en Afghanistan

Sénat - Dans une lettre adressée ce jour au Premier Ministre, Nicole Borvo présidente du groupe CRC/SPG, Robert Hue, Michelle Demessine et Michel Billout, membres de la commission des Affaires étrangères et de la Défense, lui ont demandé d’organiser, dans les plus brefs délais, un débat devant le Parlement sur la situation en Afghanistan.
En effet, la récente frappe aérienne de l’Otan, qui semblerait avoir fait de nombreuses victimes civiles, et le nouveau décès de deux de nos soldats ont suscité une grande émotion dans notre pays.
Ces tragiques évènements font suite à une longue série et témoignent de la dégradation de la situation politique, économique sociale et militaire en Afghanistan.
Ils sont le résultat d’une stratégie inefficace et totalement inadaptée au rétablissement de la paix pour assurer le développement de ce pays.
Considérant qu’il fallait à nouveau s’interroger sur le sens et la finalité de l’engagement de nos troupes sous commandement de l’Otan en Afghanistan, ils demandent ce débat afin de permettre à la représentation nationale de s’exprimer et au gouvernement de tirer les conclusions qui s’imposent.

Paris, le 07 Septembre 2009.
Communiqué de Presse du Groupe Communiste Républicain Citoyen et des sénateurs du Parti de Gauche

Afghanistan : le PCF condamne sans appel un criminel bombardement de l’OTAN et demande le retrait immédiat des troupes en Afghanistan

Un bombardement des forces de l’OTAN a provoqué la mort de 90 personnes en Afghanistan, dont de nombreux civils. Un tel crime soulève le cœur et suscite une indignation profonde et une condamnation sans appel.
Les Présidents Obama et Sarkozy et tous les dirigeants des pays ayant des forces engagées en Afghanistan doivent prendre la mesure des conséquences insupportables d’une stratégie militairement catastrophique, politiquement inepte et humainement désastreuse qui ne fait que renforcer les tensions et encourager les Talibans.
Le peuple afghan considère de plus en plus les troupes de l’OTAN comme des armées d’occupation. Il a besoin de tout autre chose et en particulier d’une aide internationale véritable pour la sécurité et la reconstruction. La question d’Afghanistan doit être mise d’urgence à l’ordre du jour de l’Assemblée générale des Nations Unies puis du Conseil de Sécurité. C’est toute la politique des principales puissances occidentales qui doit être radicalement mise en cause. La France –qui vient de perdre un trentième soldat dans cette guerre- et ses partenaires Européens doivent reconnaître l’échec meurtrier de l’OTAN. L’Afghanistan doit bénéficier d’une coopération multilatérale dans tous les domaines pour favoriser son développement dans la souveraineté et le respect de son peuple.
Communiqué du Parti communiste français, 4 septembre 2009

Une trentaine d'organisations dénoncent les dérives policières

Une trentaine d'organisations, dont le Syndicat de la magistrature et la Ligue des droits de l'homme, dénoncent dans un communiqué "l'alarmante banalisation des atteintes aux droits et libertés" en France.

Dans un communiqué commun, 34 associations, collectifs, syndicats et partis politiques réunis au sein du Collectif liberté, égalité, justice (CLEJ) réclament notamment un moratoire sur l'usage par les forces de l'ordre d'armes de type flash-ball et Taser.

Les Verts ont déposé vendredi dernier une proposition de loi pour obtenir l'interdiction de l'utilisation par la police et la gendarmerie de ces deux armes.

Le syndicat majoritaire de policiers, l'Union syndicale majoritaire, souligne dans un communiqué que "le flash-ball est une arme défensive, non létale, et qu'en l'utilisant ce sont surtout de nombreux policiers qui ont ainsi évité d'être blessés lors de manifestations très violentes".

Les 34 organisations demandent l'ouverture d'une information judiciaire pour faire la lumière sur les incidents survenus le 8 juillet à Montreuil (Seine-Saint-Denis) lors de la dispersion par la police d'une manifestation contre l'évacuation d'un squat.

Plusieurs personnes ont été blessées, dont un jeune homme qui a perdu un oeil.

"Depuis 2005, ce ne sont pas moins de sept personnes qui ont perdu un oeil dans les mêmes conditions, dont cinq pour la seule année 2009", écrivent les signataires du communiqué, où ils dénoncent aussi les "contrôles ou interpellations au faciès", le "délit d'outrage" et les "gardes à vue abusives".

"Il est inacceptable que la police, dont le principal objet est d'assurer la sécurité des personnes, puisse être perçue, en raison de certaines de ses pratiques, comme une menace", ajoute-t-on.

Le Parti communiste français (PCF), le Nouveau parti anticapitaliste (NPA), les Verts, la CGT, la CFDT, Sud-Education, le Syndicat des avocats de France (SAF), Agir ensemble contre le chômage (AC!) et l'Union syndicale de la psychiatrie figurent au nombre des signataires de cet appel.

Mardi 21 juillet 2009, Reuters - Elizabeth Pineau, édité par Yves Clarisse

L'OTAN effectue des bombardements d'entraînement malgré la présence d'activistes pacifistes

Le 12 juin 2009, l'OTAN menaçait de continuer ses bombardements sur un site d'entraînement au nord de la Suède, malgré la présence d'activistes pacifistes.
Six nouveaux activistes étaient entrés sur le site militaire. Cinq autres personnes avaient été arrêtées mercredi matin après avoir pénétré dans le champ d'entraînement, perturbant de grandes manoeuvres militaires de l'OTAN.
Mise à jour du 13 juin : les six activistes ont entendu trois fortes explosions hier soir, à 22h, 22h40 et 22h42. Ils ne sont pas blessés, mais très choqués que l'OTAN ait choisi de bombarder cette zone malgré la présence de civils. Ils ont décidé de tenter de quitter les lieux pour leur propre sécurité.
L'exercice de huit jours, comprenant des bombardements, se déroule en Laponie suédoise, impliquant plus de 50 avions de combat et 1000 soldats de dix pays.

Lire (en anglais) : NATO Threatens to Keep Bombing as 6 More Peace Activists Enter Bombing Rang

Manifestation contre le sommet de l'Otan à Strasbourg - Suites

Manifester est un droit, nous ne cèderons pas à l'intimidation

Dès les élections passées les autorités sont passées à l'offensive pour intimider celles et ceux qui seraient tentés de manifester leur opposition à la politique guerrière de notre gouvernement. Du 8 au 11 juin plusieurs participant-e-s à la manifestation contre le sommet de l'Otan de Strasbourg le 4 avril dernier ont été arrêtés à Strasbourg, Mulhouse et Paris, dont des syndicalistes de Sud et de la CGT. Certains ont été "entendus" comme témoins, d'autres ont été déférés devant un magistrat. Des domiciles ont été perquisitionnés.

Nous condamnons ces méthodes d'intimidation qui sont dans le droit fil des entraves mises au droit de manifester lors du sommet de l'Otan et rentrent plus généralement dans le cadre d'une dérive sécuritaire du pouvoir en place.

Nous exigeons l'arrêt immédiat de toutes les poursuites engagées suite aux manifestations de Strasbourg et la mise en place d'une commission d'enquête sur l'action des forces de police lors de ces manifestations.

A cette fin nous appelons à un rassemblement devant le Ministère de la Justice, Vendredi 19 juin 2009 à 17H30, 13 Place Vendôme - M° Opéra

Communiqué du 16 juin 2009. Signataires : AAW, ACCA, ACG, Alternatifs, Alternative libertaire, ARAC, ATTAC, CCIPPP, Cedetim, COT, DIDF, Europe solidaire sans frontières (ESSF), Iraniens contre la Guerre, Femmes-Egalité, FSU, La Fédération, La Ligue des Femmes, Le Mouvement de la Paix, Marche Mondiale des femmes, MRAP, NPA, PCF, PCOF, Réseau Féministe « Ruptures », Solidaires, Union Pacifiste, Verts...

« L’État veut en faire des exemples »

Une cinquantaine de personnes sont venues soutenir les quatre manifestants jugés hier après-midi à Strasbourg à la suite des débordements survenus en marge du sommet de l’OTAN. Ils ont pique-niqué devant le tribunal sous l’oeil des policiers.

Il n’y a pas eu de heurts entre manifestants et forces de l’ordre, hier devant le tribunal de grande instance de Strasbourg. Une cinquantaine de personnes se sont calmement rassemblées en fin de matinée sur le parvis du palais de justice pour apporter leur soutien aux quatre prévenus jugés en correctionnelle à la suite de la manifestation qui a mal tourné en marge du sommet de l’OTAN, le 4 avril. Répartis en petits groupes, ils ont pique-niqué sur place, sous la surveillance de nombreux policiers, avant que ne débute l’audience.

« Je crois à certaines valeurs de la République »

Il y a un mois, la plupart d’entre eux faisait partie du cortège anti-OTAN qui a déambulé au Port-du-Rhin. Seule une minorité, aujourd’hui, accepte de répondre aux questions des journalistes. « Il ne faut pas qu’ils [les prévenus] paient pour d’autres, explique Dan, 60 ans. L’État veut en faire des exemples, montrer qu’il agit face aux “méchants manifestants”. »
A l’origine des dégradations et violences commises ce 4 avril, il y a d’abord, selon lui, l’attitude des forces de l’ordre. « Ils nous ont mis dans une impasse. Des policiers ont lancé des cailloux », raconte-t-il en demandant la création d’une commission d’enquête.
« La pression policière était terrible, poursuit Kiemke, lycéen strasbourgeois de 18 ans. Je faisais partie de la coordination Block Nato. On faisait des sit-in non-violents. Mais à la fin de la journée, on avait du mal à rester calme. » Les quatre prévenus, pense-t-il, « ne sont pas ceux qui ont le plus cassé. Un mec s’est fait choper parce qu’il avait un masque et de l’alcool à brûler. C’est arbitraire » (*).
Pour Manuel-Solal Gueller, 27 ans, cette affaire est d’ailleurs « super flippante. Je suis assez inquiet de voir que l’on peut inculper des gens pour suspicion de délit, témoigne-t-il. C’est le signe d’une politique de petits pas qui nous mène vers un monde à la Philip K. Dick, où on arrête les gens préventivement. C’est une marque des États totalitaires. Moi, je crois à certaines valeurs de la République. »
Faute de place dans la salle du tribunal, seuls quelques manifestants ont pu suivre l’audience de leurs camarades, qui s’est déroulée dans l’après-midi.
Aurélien Poivret

DNA - Mer 6 mai 2009

Les trois militants anti-Otan de Tours ressortent libres du tribunal

DNA - 5 mai 2009 - Les trois militants anti-Otan de Tours, interpellés le 3 avril en marge des événements du Sommet anti-Otan à Strasbourg, poursuivis pour détention de substances ou de produits incendiaires ou inflammables qui auraient pu servir à la fabrication de cocktails molotov, sont ressortis libres du tribunal de grande instance de Strasbourg ce soir. Le tribunal a prononcé la nullité de la procédure estimant qu'il n'avait pas été régulièrement saisi par le parquet.
Les débats avaient en partie porté sur la nullité de la procédure soulevée par les trois avocats des prévenus, trois jeunes âgés de 20, 23 et 26 ans, étudiants en sociologie ou diplômé de droit pour l'aîné, arrêtés le vendredi 3 avril sur le parking de l'hypermarché Auchan d'Illkirch, en possession de gants, de masques, d'alcool à brûler, de white spirit et d'une serpillière.

Dès le début de l'audience les avocats avaient soulevé plusieurs points de nullité dans la procédure établie par les policiers et dans la citation des trois hommes devant le tribunal par les services du procureur.

Au moment de rendre sa décision, le président du tribunal, M. Wendling, a bien précisé aux trois prévenus que cela ne signifiait pas qu'ils étaient innocents. Une erreur de procédure a entraîné la nullité, mais il n'y a aucun jugement sur le fond de l'affaire.

Le procureur de la République de Strasbourg peut donc réengager de nouvelles poursuites contre les trois jeunes dans un délai de trois ans.

Les trois jeunes originaires de Tours sont libres ce soir. La décision a été accueillie par des applaudissements des personnes venues les soutenir et rassemblées sur les marches du Palais de justice.

Le représentant du parquet Lucile Regin avait requis des peines de 10 à 12 mois de prison ferme contre les trois jeunes, réclamant également leur maintien en détention.

«Ce sont des achats qui ne sont pas anodins car ils entrent dans la fabrication d'un cocktail molotov», avait indiqué Mme Regin pendant les débats, rappelant que «durant le week-end des cocktails molotov avaient été lancés contre les forces de l'ordre».

Elle a toutefois reconnu que les trois prévenus, dont deux sont étudiants en sociologie et le troisième au chômage mais titulaire d'un master de juriste d'entreprise, n'étaient pas jugés pour avoir lancé et fabriqués des bouteilles incendiaires.

A la barre, les trois jeunes qui avaient campé dans le village autogéré ont indiqué avoir fait ces achats pour du nettoyage, pour allumer des braseros pour un concert et pour narguer les hélicoptères de la police qui survolaient périodiquement le camp.

Prison ferme pour le jeune allemand

Le jeune Allemand originaire de Berlin, Mathias Steinke, 29 ans, poursuivi pour des faits de violences aggravées sur des agents de la force publique, pour rébellion au moment de son interpellation et pour attroupement armé (avec jets de pierres sur les forces de l'ordre) a, lui, été condamné à six mois de prison ferme ; il a été maintenu en détention. Le tribunal l'a cependant relaxé des faits de violences aggravées (l'un des policiers s'est fracturé le poignet pendant l'interpellation), mais l'a reconnu coupable des autres faits. Il est également interdit de séjour en France pendant deux ans.

20h20 : résultat des délibérés
Mardi 5 mai 2009 - source : antirepression.org

Suite aux procès de cet après midi et après délibération, le tribunal a prononcé la nullité des poursuites contre les jeunes tourangeaux, accusés de possession de matériel pouvant servir à confectionner des engins explosifs. Ils sont donc libres.

Concernant l’allemand, le tribunal a prononcé une condamnation pour violence sur agent de la force publique, mais n’a pas retenu le chef d’accusation pour jets de pierres. Il est condamné à six mois de prison fermes avec mendat de dépot. C’est une peine lourde, sachant que pour les deux chefs d’accusation le procureur avait requis six mois.

18:01 (édité a 18h49) seconde partie du jugement
Mardi 5 mai 2009 - source : antirepression.org

Concernant les trois personnes de Tours inculpées de possession de produits pouvant entrer dans la fabrication d’engins explosifs (en préventive), le procureur a requis 10 à 12 mois de prison ferme. Nous rappelons que ceux-ci avaient été interpellés suite à l’achat d’une bouteille de ’white spirit’. L’avocat de la défense a fait valoir différents vices de forme pour évoquer la nullité du procès. Mais surtout celui-ci demande la nullité du procés du fait que les prévenus ont été dénoncés par le vigile du supermarché alors qu’ils n’avaient rien fait d’autre que d’acheter des produits en vente libre.

Le réquisitoire du procureur s’appuyait en même temps sur une image incendiaire des inculpés et leur insertion dans la vie sociale et associative. Celui-ci tentait de démontrer une intentionnalité forte des prévenus.

Lors de sa ploidoierie l’avocat de la défense a fait valoir qu’alors que lors d’evenements comme celui du 14 juillet, les produits de type combustibles sont interdits, alors ceux-ci ne l’étaient pas lors du contre-sommet de l’OTAN. De plus, il existe un chemin important entre acheter des produits inflammables et produire une bombe. Pour aller jusqu’à les utiliser et à entraîner des dégâts significatifs, le chemin est encore plus long.

Concernant l’inculpé allemand (en préventive), le procureur a requis 6 mois de prison fermes. Le procés a débuté par le témoignage des 3 policiers qui se sont portés partie civile. Les trois témoignages étaient éxactement les mêmes. L’affaire s’était passée en deux temps : Premierèment un groupe de 700 manifestants masqués jette des pierres sur la police. Après celà, à 200 mètres de là, les trois policiers interpellent un manifestant violemment. Selon les policiers eux-mêmes, une fois le prévenu plaqué au sol, un des policiers tombe, se brisant un poignet. Il aura 45 jours d’arrêt de travail. Le réquisitoire reprenait le discours de l’avocat des policiers qui a mis en avant la capacité de ceux-ci à reconnaître un individu parmi 700 personnes masquées.

Le rendu des délibérations ont lieu ce soir à 20h00.

12:39 Premier jugement de la journée.
Mardi 5 mai 2009 - source : antirepression.org

Un manifestant a comparu (libre) en justice ce matin à Strasbourg. Il avait été fouillé puis relaché par la police à la sortie du village à la fin du sommet de l’Otan. Il a ensuite été arrêté et fouillé par la Brigade anti-criminalité en possession d’une arme de catégorie 6 (un couteau suisse !!!).

Durant l’audiance, le juge a incisté sur le fait que l’accusé était en possession d’objets liés aux exactions commises lors de la manifestation anti-otan du samedi : deux paires de lunettes de soleil, un bonnet de bain, une cagoule et un drapeau.

Le procureur se dit lassé de ce genre d’affaires, il a néanmoins demandé une peine de trois mois de prison avec sursis et une amande de 300 €, ce qui est cher payé pour le simple port d’un couteau suisse dans sa poche ! En effet, une peine est une peine, elle est notée dans le casier judiciaire, ce qui interdit l’accès à de nombreux métiers. De plus, la peine avec sursis peut se transformer en peine de prison ferme pour un déli mineur, par exemple port d’arme de catégorie 6 (une fourchette).

La ligne de défense a posé : que ferait un campeur sans couteau suisse ?

Le juge a annoncé un report du déliberé pour le 25 juin.

Enquête - Contre-sommet de l’OTAN : qui avait intérêt à la casse ?

5 mai 2009 - Manifestants pacifistes et habitants de Strasbourg témoignent des violences et des exactions commises le 4 avril lors de la manifestation anti-OTAN : ils ont subi les casseurs devant l’impassibilité des forces de l’ordre.

L'Humanité. Strasbourg, envoyé spécial. Un long écho retentit aujourd’hui de Paris à Strasbourg. Celui de la manifestation des « anti-OTAN » qui se déroulait un mois et un jour plus tôt, le 4 avril, dans la capitale alsacienne. Il résonne même doublement. D’une part parce qu’à l’Élysée se tiendrait aujourd’hui, selon Roland Ries, le sénateur maire, une réunion technique pour négocier les « réparations » que la ville hôte recevra suite aux dégâts subis. D’autre part parce que cinq manifestants du contre-sommet de l’OTAN comparaissent devant le tribunal de grande instance de la ville.

Maître Sandrine Chebbale, avocate d’Adrien, vingt-trois ans, l’un d’entre eux, explique que son client a été arrêté sur le parking d’un supermarché, le 3 avril, pour avoir acheté des produits inflammables, une serpillière et des lunettes de natation (qu’il n’a jamais utilisés) et rappelle qu’il n’était « pas connu des services de police, n’a opposé aucune résistance ni lors de l’interpellation ni lors du placement en garde à vue ce jour-là ». La date même le prouve : ce sont des intentions, et non des faits, qui ont motivé la mise en détention. Au total, dix jeunes vont passer devant les tribunaux entre aujourd’hui et le 18 mai. Apparemment, peu sont des casseurs ayant infiltré le cortège.

Ce fait interpelle. Il est devenu une question qui trotte dans les têtes des habitants du quartier du Port-du-Rhin où les pacifistes étaient autorisés à défiler, dans celles des manifestants, des organisateurs comme de nombreux journalistes, présents sur les lieux. Tous ont vu le climat de tension qui régnait à Strasbourg. Tous ont noté la présence, en nombre, de forces de l’ordre, entre 10 500 et 24 000 selon les sources. Comment, dans ce contexte, une manifestation de pacifistes désireux de signifier leur refus de l’OTAN a-t-elle pu dégénérer ? Et qui avait intérêt à ce qu’elle dégénère ?

En réalité, dès le début, les organisateurs du contre-sommet ont rencontré de nombreuses difficultés : définition ubuesque du parcours, contre-sommet délocalisé en périphérie de la ville, hélicoptères survolant les lieux à basse altitude, jour et nuit… Tout semblait indiquer qu’il fallait décourager et cacher les opposants à l’Alliance atlantique. Les cacher à un point tel que des cars venus de toute l’Europe ont été stoppés en cours de route et ne sont jamais arrivés à destination. Jean-Pierre Bouché était à bord d’un autobus en provenance de Toulouse. Il raconte « l’humiliation gratuite » dont lui et les autres voyageurs ont été victimes : bus arrêté à plusieurs kilomètres du rassemblement, voyageurs bloqués, alignés « dos au mur », « fouille au corps, puis fouille des bagages ». L’ordre a même été prononcé de les « encager » avant de les amener au rassemblement « suivis d’une longue escorte policière ». Autre témoignage venu de Suisse, celui de Rahel Ruch. Les autorités ont arrêté le car à la frontière, ont fouillé les passagers et leur ont délivré… un refus d’entrée. Retour à la case départ. Et les déclarations de ce type abondent, au point que l’on peut se demander si le principal objectif des autorités n’était pas de faire en sorte qu’il y ait le moins de monde possible au rassemblement pacifiste.

Malgré ces mesures il y eut du monde. Mais aussi de la casse. Les télévisions ont ainsi diffusé en boucle les images de la station-service, du poste de douane, de la pharmacie et de l’hôtel Ibis en proie aux flammes. Les habitants du quartier du Port-du-Rhin expliquent ce qu’ils ont vu. Leur témoignage sonne bien souvent comme un besoin de raconter, dans le détail. Régulièrement, leurs voix se cassent. Comme si, déversant les paroles, ils expurgeaient des images lancinantes. Comme si ces signes donnaient la mesure de la peur qui les a envahis et du traumatisme qu’ils ont subi.

Cette peur s’explique d’abord par l’ampleur des exactions dans le quartier populaire du Port-du-Rhin, à la frontière avec l’Allemagne, à deux pas du pont de l’Europe, là où, le matin même, les dirigeants des 28 pays membres de l’Alliance étaient passés sans encombre. Il y avait alors « 20, peut-être 30 cars de police stationnés dans les rues », explique Étienne Auberger, conseiller du quartier. Après le défilé, certains cars de police sont partis. Et si, quelques jours avant la manifestation, le porte-parole de la police nationale avait assuré aux habitants que « ce jour-là (la police) sera à vos côtés pour assurer le meilleur déroulement possible du sommet », il n’en fut rien. « Lorsque les casseurs ont commencé à défoncer les vitres de l’hôtel avec des barrières en fer, n’importe quel policier en civil aurait alors pu les arrêter. Mais ils n’ont rien fait », précise Étienne Auberger. Différents témoins, présents à l’intérieur de l’hôtel, confirment cette version. Pis encore, lorsque l’hôtel a pris feu, les forces de l’ordre n’ont pas bougé. « Pourquoi ne leur a-t-on pas donné l’ordre de faire le boulot des pompiers ? » s’interroge Anne-Véronique Auzet, habitante du quartier et professeur à l’université de Strasbourg. C’est elle et Étienne Auberger qui ont pris la décision d’évacuer les habitants de l’immeuble mitoyen de l’Ibis. « Les pompiers n’arrivaient pas. Nous ne savions pas pourquoi. Personne n’a informé la population de ce qui se passait », continue l’enseignante, avant de préciser : « J’ai vu la tristesse dans le regard des CRS quand ils m’ont dit : "Madame, vous savez bien qu’un CRS ne peut agir sans ordre." » Et pourtant, le danger était certain (lire le témoignage de Manuela Pfohl). Une quinzaine de personnes étaient dans l’hôtel : personnel, journalistes, policiers. Leurs vies ont été clairement mises en danger. Comme celles, des habitants du quartier. Bon nombre d’entre eux vont d’ailleurs porter plainte pour mise en danger de la vie d’autrui. Et espèrent avoir des réponses à quelques questions fondamentales : comment expliquer le dysfonctionnement dans la chaîne de commandement ? Pourquoi les policiers et pompiers allemands, qui ont proposé leur aide, n’ont-ils pas eu le droit d’intervenir ?

Le seul but a-t-il été de protéger les puissants de ce monde pendant que le reste pouvait brûler ? C’est ce que se demandent des manifestants, à l’instar de Catherine Lecoq, militante pacifiste et élue régionale du Parti communiste. Elle a décidé de porter plainte pour mise en danger de la vie d’autrui. Dans le cortège, elle a été exposée à des bombes assourdissantes, qui ont entraîné des problèmes d’audition. Ou encore tel autre, qui a dû marcher pendant une heure et demie avant que les forces de l’ordre acceptent de le laisser passer pour regagner l’hôpital, alors qu’il avait le front en sang. Ou encore cet autre militant pacifiste, plâtré depuis qu’une bombe lacrymogène lui a été tirée sur le pied. Quant à Faty Koumba, elle a reçu en plein visage une « sorte de fusée » qui lui a « brûlé le visage et empêché de respirer ». L’hôpital, lui, a fermé ses portes plus tôt. Les blessés de toute façon étaient dans une souricière et ne pouvaient sortir.

Tous ces manifestants, comme d’autres, ont subi de plein fouet les « dysfonctionnements » des autorités. D’un côté des manifestants que l’on empêche de manifester. De l’autre des casseurs qu’on laisse casser. Ce qui arrange bien les affaires de Nicolas Sarkozy. Dès le lendemain, un projet de loi interdisant le port de la cagoule dans les manifestations était déposé. Et les pacifistes assimilés à des casseurs.

Fabien Perrier

L’incendie de l’hôtel Ibis raconté de l’intérieur

Le témoignage de la journaliste allemande pour le magazine Stern. Manuela Pfohl était dans l’hôtel Ibis lorsqu’il a pris feu.

L'Humanité 5 mai 2009. Envoyé spécial. « Vers 13 h 15, les manifestants se reposaient sur la place, juste devant l’hôtel Ibis. La station-service était déjà en flamme, le poste de douanes aussi, mais j’avais le sentiment que là, le calme régnait, malgré tout. Ni la police ni les "black blocks" n’étaient d’ailleurs actifs à ce moment-là. Je me suis alors rendue à l’hôtel pour prendre un café, sans savoir qu’il était fermé. Une employée a bien voulu m’ouvrir et me servir. Et quelques minutes après, j’ai vu des gens tout de noir vêtus s’en prendre aux baies vitrées du restaurant, avec des pierres. Je me suis d’abord cachée pensant qu’ils n’en voulaient qu’aux vitres et qu’ensuite, ils partiraient. Mais quand j’ai vu qu’ils ne cessaient pas, je suis montée avec trois membres de l’équipe de l’hôtel et deux cameramen. Pendant ce temps, ils continuaient à s’attaquer aux voies d’entrée avec des barrières de fer. Au moins deux de ces gens en noir sont montés dans les étages. Nous avons pensé qu’ils voulaient s’en prendre à quelque chose, mais nous ne savions pas à quoi. Ils ont sorti des meubles de l’hôtel et les ont incendiés. Pendant tout ce temps, et même avant, les hélicoptères volaient à basse altitude, au-dessus de la place. Je me suis dit qu’ils devaient bien voir que des black blocks commençaient à élever des barricades de feu devant l’hôtel, car nous l’avons vu, nous, de l’hôtel. Je me suis demandée pourquoi les forces de l’ordre ne sont pas intervenues plus tôt pour empêcher ça. Nous nous sommes réfugiés au 5e étage, où nous nous sommes enfermés. Ceux qui avaient les caméras étaient partis, je ne sais pas où ils sont restés. Ensuite, nous avons vu de la fumée monter. J’ai été surprise par la vitesse à laquelle le feu s’est propagé. Les employés ont alors cherché, à plusieurs reprises, à appeler la police et les pompiers. Ils ont répondu qu’ils ne pouvaient pas venir tout de suite. Le personnel de l’hôtel a aussi déclenché l’alarme incendie, se disant qu’ainsi, de l’extérieur, on remarquerait qu’il y avait des gens à l’intérieur. Mais en fait, rien ne s’est passé ! De mon côté, j’ai appelé ma rédaction, en Allemagne, pour qu’elle demande à un autre collègue, présent à un autre endroit dans la ville, de signaler à la police que des gens étaient dans l’hôtel, en danger. Ce n’est qu’environ une heure après que la police est arrivée et nous a sortis de l’hôtel. Ensuite, j’ai essayé pendant deux heures de sortir du quartier, j’ai écrit mon article et je suis allée au point médical. Ils m’ont soignée et m’ont envoyée à l’hôpital.

Je m’interroge : quelle est la part de responsabilité du préfet ? Celle des autorités ? Je ne comprends pas non plus qu’autant de temps se soit écoulé entre le moment où nous avons appelé la police et celui où elle est intervenue. Elle savait que des gens à l’intérieur de l’hôtel étaient en danger. »

Propos recueillis par Fabien Perrier

Manifestation anti-Otan à Strasbourg : 1700 témoignages de harcèlement policier

La Legal Team et la Medical Team, qui ont soutenu juridiquement et médicalement les manifestants anti-Otan à Strasbourg, ont annoncé ce lundi avoir enregistré plus de 1.700 appels signalant «des faits de répression policière» et dispensé des soins à un millier de personnes.

Dans leur premier bilan publié ce lundi à Strasbourg, les deux associations indiquent aussi que 464 arrestations ont été confirmées en marge du sommet des 3 et 4 avril, mais que tous ces chiffres sont provisoires car de nouveaux témoignages sont recueillis tous les jours et recoupés avec les informations d'autres associations.

Selon la Legal Team, les témoignages recueillis dénoncent le «harcèlement des forces de police» contre les personnes qui installaient le village avant le sommet (contrôle d'identité, incursions policières dans le village...) et contre celles qui le quittaient le 5 avril (confiscation de tracts, drapeaux, appareils photos, caméras, palpation de femmes par des policiers-hommes...).

27 personnes ont été bloquées aux frontières, dont trois ont saisi le tribunal en référé, mais ont été déboutées.

34 gardes à vue ont été signalées par la police à la Legal Team, mais leur nombre réel est impossible à déterminer car «plusieurs centaines de personnes ont été arrêtées sans que la procédure ne soit respectée», selon l'association.

Cinq personnes ont été convoquées ultérieurement devant la justice, huit ont accepté une comparution immédiate, quatre ont décidé d'être jugées ultérieurement et deux font l'objet d'une instruction, selon la même source.

La Medical Team a pris en charge une trentaine de blessés le jeudi 2 avril et dispensé des soins à un millier de personnes le jour de la grande manifestation, le samedi 4 avril, «pour épuisement, grave déshydratation, panique, état de choc, problèmes respiratoires liés aux gaz lacrymogènes, hématomes et plaies ouvertes dus aux tirs tendus, flashball et projectiles métalliques contenus dans les grenades assourdissantes».

Des blessures graves ont été répertoriées comme des plaies ouvertes à la tête et aux jambes, une crise cardiaque, dont certaines ont entraîné des arrêts de travail. Parmi les blessés graves figurent deux journalistes et un membre de la Medical Team, selon le bilan.

Le tribunal correctionnel de Strasbourg jugera mardi un Allemand et trois Français pour leur participation aux manifestations violentes contre le sommet de l'Otan, les 3 et 4 avril. Six personnes ont déjà été condamnées à des peines de six mois avec sursis à six mois ferme pour ces faits.
Source : L'Alsace 4 Mai 2009

Premier bilan commun de l'Equipe Juridique et de l'Equipe Médicale sur l’Otan

Dimanche 3 mai 2009 - La Legal Team et la Medical Team ont été créées en vue d’apporter un soutien juridique et médical à l’ENSEMBLE des manifestantEs venuEs pour le contre-sommet de l’OTAN. Par respect des personnes et du fait des procédures en cours, nous ne pouvons communiquer que des informations générales. Ces chiffres ne représentent que les données que nous avons actuellement collectées. Nous travaillons encore sur celles-ci afin de les affiner et de les compléter : nous récoltons toujours des témoignages et nous sommes en contact avec d’autres groupes et associations avec lesquels nous tentons de recouper nos informations.

En ce qui concerne la Legal Team :
nous estimons avoir traité plus de 1700 appels concernant des faits de répressions policières. Les témoignages font état :
du harcèlement des forces de police contre les personnes qui préparaient le village (contrôles et prises d’identité, incursion de la BAC sur le village, etc.)
de la mise en place de "check point", le dimanche 5 avril à toutes les sorties du village afin de confisquer tous les tracts, drapeaux, mais aussi appareil photos, caméras, avec des palpations réalisées sur des femmes par des "policiers-homme". Ces témoignages permettent aussi de recenser :
27 personnes bloquées à la frontière ont été signalés, dont 3 ont saisi le tribunal en référé (qui ont été rejetés)
690 personnes ont été signalées retrouvées après une disparition, une hospitalisation ou une arrestation
464 arrestations ont été confirmées
34 gardes à vue ont été signifiées par la police directement à la Legal Team, mais le nombre réel de gardes à vue reste impossible à déterminer : plusieurs centaines de personnes ayant été arrêtées sans que la procédure ne soit respectée (personnes arrêtées plus de 4 heures qui sont restées les mains attachées dans le dos, sans pouvoir boire, sans que leurs droits ne leur soient indiqués, voire même l’inverse car certains représentants des forces de l’ordre se sont permis de dire "ici, vous n’avez plus aucun droit")
5 personnes ont été convoquées ultérieurement
8 personnes ont accepté une comparution immédiate
4 personnes ont décidé d’être jugé ultérieurement
2 personnes font l’objet d’une instruction
8 personnes ont été signalées hospitalisées à la Legal Team mais ce chiffre doit être complété par ceux de la Medical Team.

Medical Team :
le jeudi 02 avril, la Medical Team a pris en charge une trentaine de blessés
le samedi 04 avril, un millier de personnes ont bénéficié des soins de la Medical Team pour de multiples raisons: épuisement, grave déshydratation, panique, état de choc, irritations et problèmes respiratoires liés aux gaz lacrymogènes, hématome(s) et plaie(s) ouverte(s) dus aux tirs tendus, flashball et aux projectiles métalliques contenus dans les grenades assourdissantes.
un certain nombre de blessures graves ont été répertoriées : plaies ouvertes à la tête et aux jambes, crise cardiaque (parmi ces blessés, deux journalistes et un membre de la Medical Team). Certaines personnes ont été contraintes à des arrêts de travail.

1700 appels concernant des faits de répressions policières, 464 arrestations confirmées, plus d’un millier de personnes prises en charge par la Medical Team, la ministre de l’intérieur en conclut : « Il parait qu’il y avait trop de forces de police, que c’était disproportionné, qu’il allait y avoir des violences policières, il n’y en a pas eu. » *
* Michèle Alliot-Marie, Assemblée Nationale, 07/04/09

Source : www.antirepression.org

OTAN : La répression continue…

L’OTAN a démontré sa vraie nature lors de son sommet à Strasbourg début avril, en plaçant la ville sous un véritable état de siège, avec zones interdites, check points, etc. La liberté d’expression et de manifestation a été bafouée, malgré les engagements officiellement pris par la préfecture : parcours de manifestation bloqué, barrages empêchant l’accès à la manifestation, enfermement des opposants dans des quartiers périphériques… En plus de vouloir empêcher toute opposition, les autorités ont mis en place un climat de tension en multipliant les provocations : contrôles d’identité systématiques, survols permanents d’hélicoptères à basse altitude, etc. Dans ce contexte, l’arrestation de quelques personnes a débouché sur des condamnations expéditives et délirantes. Un nouveau procès a lieu le 5 mai !

La stratégie de la tension
Si les médias ont décrit les manifestations de façon apocalyptique, il n’en est pas de même pour le ministère de l’intérieur, qui se félicitait de leur « bon déroulement » (communiqué du 4 avril 2009). Effectivement, la manif a été interdite : la police a provoqué un départ précipité de la manifestation en arrosant de lacrymogène le lieu de rassemblement, puis a bloqué l’accès au parcours pourtant imposé par la préfecture, afin d’entraîner près de 10 000 personnes dans une souricière, où les cortèges ont été gazés des 2 côtés !
Cette stratégie a été lourde de conséquences puisque de nombreuses personnes ont été blessées par l’explosion de grenades lacrymogènes, par des tirs tendus de flash-ball ou lacrymogènes, ou par les jets de pierre des policiers !

Une menace sur nos libertés
Loin d’être un cas isolé, la répression qui touche les opposants et opposantes à l’OTAN s’inscrit dans un projet global liberticide : la répression touche aussi deux étudiants strasbourgeois présents à la manifestation universitaire interdite le 8 avril, et s’attaque maintenant aux ouvriers et ouvrières de Caterpillar, de Continental ou d’ailleurs. Masi cela ne suffit pas : une loi anti-foulard est en préparation pour empêcher les manifestants de se vêtir librement et de se protéger contre le déchainement policier.
Cette répression démontre aussi le chemin pris par l’OTAN, qui entend désormais s’occuper des questions environnementales, des flux migratoires, des accès aux ressources énergétiques ou autres crises financières (Sarkozy et Merkel, 4 février 2009), devenant ainsi un « gendarme » du monde au service des pays riches !

Solidarité
Face à cette répression politique, nous ne devons pas tomber dans le jeu du pouvoir, qui souhaite opposer les manifestants entre eux et les manifestants aux habitants ! Nous devons être solidaire des victimes qui passent en procès le 5 mai.

Arrêt des poursuites
Libération immédiate des participants au contre-sommet
Tous et toutes au pique-nique de soutien,
mardi 5 mai, midi, devant le palais de justice de Strasbourg !

Premiers signataires : NPA 67, AL-Alsace, FA 67, CNT 67, FSU, Solidaires, ATTAC, Agir contre la guerre (ACG), Americans Against the War (AAW), Alternative Libertaire, Collectif Faty Koumba, Droit-Solidarité, Nouveau Parti Anticapitaliste, Union pacifiste, comité "paix et droits humains" du CQI, Collectif des Iraniens Contre la Guerre, Centre quaker international, SUD PTT, PCOF, Réseau Féministe « Ruptures », Europe solidaire sans frontières (ESSF), La Fédération

Une vidéo montre que l'hôtel Ibis ne brûlait pas avant l'intervention de la police

Une video montre que l'hotel Ibis ne brûlait pas lorsque la police est intervenue pour dégager la place. Cela semble appuyer les témoignages qui disent que le feu aurait pris après les "tirs tendus des hélicoptères de fusées gaz lacrymogènes et de fusées incandescences" .

L'auteur de la vidéo a publié ce commentaire sur le forum de la paix :
"je confirme que la police était présente avant l'incendie de l'hotel Ibis rue coulaux: on le voit clairement à partir de la 4e minute de la vidéo. A ce moment, il n'y a qu'une barricade enflammée sur la rue, constituée de mobilier pris au rez de chaussée de l'hotel. mais la police dépasse largement cette rue et pousse jusqu à l'avenue du pont de l'europe min:5'10".
la question est : comment les black blocs ont ils pu revenir incendier l'hotel, alors qu'à priori cette position était tenue par les crs?"

Voir aussi d'autres séquences videos ici (France 3 Alsace)

A Tours, après le concert de soutien la BAC agresse des militantEs

Vendredi 17 avril 2009 - Le concert de soutien aux inculpés de Strasbourg organisé à la faculté de Tours hier soir (jeudi 16 avril) a rassemblé 300 personnes, dans un esprit revendicatif et agréable. En fin de soirée, alors qu’un groupe de quelques personnes était en train de regagner leur domicile, la BAC (Brigade Anti-Criminalité) a procédé à un contrôle d’identité violent. Trois personnes ont été hospitalisées suite à de nombreux coups reçus. Deux d’entre-elles ont ensuite été mises en garde à vue le matin. Elles ont été libérées dans la journée. Elles passeront en procès courant juillet.
Source : Antirépression Strasbourg

La liberté de la Presse malmenée par un commissaire de police

Une autre vidéo très instructive sur les méthodes policières à Strasbourg, et il ne s’agit pas cette fois de CRS qui pourraient tenter d'évoquer la légitime défense, mais bien d’une véritable atteinte à la liberté de la presse.
Un dépôt de plainte au parquet de Strasbourg est en cours.


Liberté de la Presse bafouée par un commissaire de police - Video de MOASPRESS

Strasbourg : la police au sommet de la polémique


Strasbourg : la police au sommet de la polémique - envoyé par StrasTv

A Strasbourg le weekend est encore dans toutes les têtes, des vidéos et des témoignages écornent la version officielle donnée par la préfecture.
Avec l'interview du préfet et d'une victime d'un tir de flash-ball, blessé à la tête.

Sommet de l'OTAN: 2 manifestants pacifistes blessés portent plainte

L'Alsace - Le Pays - Le 16/04/09
Après une habitante du quartier du Port du Rhin, deux manifestants pacifistes ont décidé de porter plainte suite aux incidents lors du sommet de l'Otan à Strasbourg au cours desquels ils ont été blessés.

Deux manifestants pacifistes qui ont participé au cortège anti-Otan le 4 avril à Strasbourg et y ont été blessés par des grenades lacrymogènes ont déposé individuellement plainte, a-t-on appris aujourd'hui jeudi auprès des intéressés et du Mouvement de la Paix.
Parmi «plus de 120 témoignages recueillis à ce jour, deux faisaient état de dépôt de plainte», a affirmé lors d'une conférence de presse à Paris Christophe Cunniet, en charge au Mouvement de la Paix de rassembler les récits.
L'organisation pacifiste a lancé, deux jours après la manifestation strasbourgeoise entachée de violents affrontements, un appel à témoins pour déterminer les responsabilités des forces de l'ordre et des casseurs.
Edmond Bonnet, 64 ans, résidant à Septèmes-les-Vallons (Bouches-du-Rhône) et militant du Mouvement de la Paix, a déposé une plainte le 11 avril à la gendarmerie de son lieu de résidence, selon une photocopie de son récépissé.
«Lors de la manifestation, la police nous a tiré dessus. J'ai reçu une grenade lacrymogène en tir tendu d'un CRS qui était à 5 ou 6 mètres, elle a tapé sur ma jambe, a rebondi et a explosé 2-3 mètres plus loin», a raconté à l'AFP M. Bonnet, qui souffre d'un gros hématome et de douleurs.
Ce sexagénaire, qui milite aussi à la CGT et au PCF, a en outre écrit une lettre ouverte au président de la République Nicolas Sarkozy, datée du 10 avril, pour dénoncer le comportement des forces de l'ordre vis-à-vis des manifestants, à ne pas confondre «avec une minorité de casseurs».
L'autre manifestante, Catherine Stotzky, 37 ans, militante du NPA, habite à Montigny-les-Metz (Moselle) et a déposé plainte auprès du procureur de la République de Strasbourg par courrier, reçu le 14 avril par le tribunal.
Dans ce courrier, Mme Stotzky y décrit les circonstances dans lesquelles elle a été blessée : «Alors que les manifestants levaient les bras en l'air, les fonctionnaires de police ont soudain ouvert le feu contre le cortège sans sommation ni justification».
«C'est un tir de grenade lacrymogène, ça venait d'en haut, donc ce n'était pas un tir tendu», a-t-elle précisé à l'AFP par téléphone.
«Ca a tapé mon mollet, j'ai une plaie avec un gros bout de peau qui manque», a-t-elle raconté, ajoutant que de retour à son domicile elle avait été soignée aux urgences et a eu un arrêt de travail de 10 jours, prolongé ensuite jusqu'au 11 mai.
Selon son dossier médical, dont elle a envoyé une copie, «une greffe de peau» sera peut-être nécessaire.

Strasbourg : un habitant déposera plainte à la suite des destructions lors du sommet de l'Otan

L'Alsace - Le 16/04/09

Etienne Auberger, habitant du quartier du Port du Rhin sinistré le 4 avril en marge du sommet de l'Otan, a indiqué ce jeudi qu'il tentait de réunir les habitants pour déposer une plainte collective pour «mise en danger de la vie d'autrui» et «non assistance à personne en danger».

«Je vais porter plainte et j'espère que 50, 100 ou 200 habitants du quartier vont faire de même», a souligné ce Strasbourgeois pour qui les habitants de ce quartier «éprouvent un légitime sentiment d'abandon».

Le 4 avril en mi-journée, des manifestants cagoulés et en noir avaient incendié un hôtel Ibis, une pharmacie, les locaux du poste de douane à la frontière avec l'Allemagne sans être inquiétés par les forces de l'ordre qui étaient alors absentes de ce quartier déshérité de Strasbourg.

«Je vais essayer de constituer un noyau d'habitants, de fédérer les énergies pour faire valoir nos positions. Nous voulons porter plainte car ainsi nous aurons plus d'existence légale», a ajouté M. Auberger.

«Les habitants du quartier s'organisent. Tous les gens du quartier à qui on en parle disent: je me joins à la plainte. Il faudra voir qui parmi les quelque 1.680 habitants du quartier souscrivent effectivement au dépôt de plainte», a-t-il ajouté.

M. Auberger, conseiller de quartier, a encore indiqué qu'il espérait que la plainte collective soit déposée avant la réunion prévue le 5 mai à l'Elysée avec des représentants de la ville de Strasbourg.

Militants anti-Otan : « Le pouvoir a organisé la casse »

L'Alsace - Le 17/04/09 - G. D.-A.
Les collectifs pour la paix incriminent la responsabilité des autorités dans les violences qui ont accompagné la grande manifestation anti-Otan à Strasbourg.

« On a été pris au piège, on n’a pas pu s’organiser, ni déployer notre service d’ordre ». Pour Frédéric Henry, porte-parole du collectif strasbourgeois anti-Otan, les débordements violents qui ont eu lieu en marge de la manifestation du 4 avril sont dûs aux conditions imposées par les autorités aux organisateurs. « On devait disposer de l’espace Desaix à partir de 10 h. Et tous les ponts d’accès pour aller au quartier du Port du Rhin devaient être ouverts. Or, il y a eu deux heures de retard sur le planning prévu ».

« Un quartier sacrifié »

Pour Frédéric Henry, tout a été fait pour faire capoter l’organisation de la manifestation. « Notre sono a été couverte par le bruit des hélicoptères qui tournaient au-dessus de nous ; des autocars qui transportaient une partie du service d’ordre de la manifestation ont été bloqués à distance de Strasbourg ; une autre partie qui devait venir avec les 8000 manifestants allemands par le pont de l’Europe y a été stoppée. »
Les militants s’interrogent aussi sur la facilité avec laquelle les casseurs ont pu accéder au pont de l’Europe sans être inquiétés, alors que des manifestants pacifiques ont été bloqués à plusieurs points d’accès du quartier. « Il y a eu une volonté clairement affichée d’interdire aux manifestants de participer. On accuse directement le pouvoir d’avoir organisé la casse, d’avoir sacrifié un quartier populaire. »
Roger Strelbicki, vétéran de la Deuxième Guerre mondiale, est président du Mouvement pour la paix du Bas-Rhin. Il condamne fermement les casseurs, mais dénonce aussi l’attitude des autorités. « J’étais dans une partie de la manifestation où il n’y avait pas de casseurs. Mais on a reçu beaucoup de gaz lacrymogènes. Ce qui s’est passé à Strasbourg, c’est un signe d’inquiétude de la part du pouvoir face à un mouvement anti-guerre et anti-Otan qui s’est considérablement renforcé ces dernières années ».
Helmut Woda, du Réseau de la paix du Bade-Wurtemberg, insiste : « De chaque côté du Rhin, l’Otan a totalement empêché le droit des gens à manifester. Il faut lutter ensemble contre cette politique de violence intérieure qui essaie d’abolir ou d’empêcher les droits démocratiques. » Une lutte qui passe, selon les militants présents, par « l’actuelle construction d’une convergence d’intérêts entre les mouvements anti-guerre, pour la paix et ceux de la contestation sociale. »

Alliot-Marie veut voir les têtes dans les manifs

Libération 16 avril 2009 - «Je viens de soumettre au Premier ministre un projet de décret pour interdire le port de la cagoule ou tout autre élément pour se dissimuler dans les manifestations. » Petite déclaration de Michèle Alliot-Marie jeudi matin sur France Inter. Le cocktail capuche-keffieh risque d’être prohibé dans les prochains défilés. Réagissant mercredi 8 avril aux violences qui avaient émaillé le sommet de l'Otan à Strasbourg début avril, elle lâchait son argument : «Ceux qui manifestent pour leurs idées jamais ne dissimulent leurs visages.» Concrètement, le décret prévoit une amende de 1500 € pour le manifestant non-identifiable et 3000 € en cas de récidive dans un délai d'un an.

La ministre veut importer en France une mesure qui existe déjà dans d’autres pays d’Europe, notamment en Allemagne. Outre-Rhin, une loi de 1985 stipule que les manifestants n’ont pas le droit de participer à une cortège «dans un accoutrement ou avec des ustensiles destinés ou à même d’empêcher que soit constatée leur identité». Les forces de l’ordre pourront interpeller les individus masqués (que Michèle Alliot-Marie assimile au passage à des casseurs) à leur arrivée ou pendant la manifestation. Mais dans les faits, cette interdiction s'avère bien difficile à réaliser. D'abord, elle dépend de la marge de manoeuvre de la police pour la faire respecter . Et quid des écharpes, des chapeaux, des casquettes ou même d'une paire de lunettes ?

Mam a également l’intention de se servir des caméras de vidéosurveillance pour intervenir après le rassemblement. Alex Türk, président de la CNIL (commission nationale de l'informatique et des libertés), voit des failles juridiques dans cette interdiction. « L'utilisation de la vidéosurveillance doit être cadrée juridiquement. Information du publique, préservation d'espaces d'intimité, combien de temps on garde les images. Qui contrôle ceux qui nous contrôlent ? Là il y a un souci. » Quand une caméra se situe sur un lieu public, c'est une commission départementale qui est compétente. « Sauf qu'elles n'ont pas les moyens d'assurer le suivi de l'utilisation d'un tel matériel, poursuit Alex Türk. Pire, d'une région à l'autre, les moyens et les jurisprudences sont différents. »

Et la cagoule de l’agent ?

«Les déclarations de la ministre partent du principe que les gens n’ont rien à craindre de la police, dénonce Renaud, militant dans la coordination anti-Otan. mais les discours des autorités n’ont rien à voir avec la réalité. Certains militants sont arrêtés pour avoir seulement eu un mot plus haut que l’autre.» Quand il rejoint un cortège, Renaud emporte son foulard. A Strasbourg, lors de la manifestation anti-Otan, il l’a sorti lorsque la situation s’est tendue. «Dissimuler son visage sert d’abord de protection physique, contre les gaz par exemple. C’est aussi une manière de cacher son identité à la police», reconnaît-il. 

Xavier Renou, porte-parole des désobéissants, ne condamne pas les manifestants non-identifiables. Mais il préfère la protestation dans la transparence et sans violence. «La désobéissance civile repose sur un principe fondamental : assumer ses actes. C’est pourquoi nous avançons à visages découverts.» Pour les désobéissants, les cagoules ne sont pas légitimes, autant celles des manifestants... que celles portées par certains policiers. «On peut s’interroger sur la responsabilité de leurs actes. Les forces de l’ordre remarquent les capuches et les keffiehs dans les manifs. Ça fait peur, ça donne de belles images pour la télé… Et ça justifie les tirs.»

La Russie dénonce l'organisation de manoeuvres militaires de l'OTAN en Géorgie

AP 17.04.2009 - Le président russe Dimitri Medvedev a dénoncé vendredi la décision de l'OTAN de mener des manoeuvres militaires en Géorgie, évoquant une décision dangereuse susceptible de nuire aux relations entre Moscou et l'Alliance atlantique.

La Russie a été invitée à se joindre aux manoeuvres, qui doivent commencer le 6 mai et impliquer 19 autres pays. Mais Moscou s'oppose vigoureusement à qu'elles se déroulent en Géorgie, accusant Tbilissi de préparer une agression contre ses deux provinces séparatistes, l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud. Des soldats russes sont déployés dans les deux régions, dont la Russie a reconnu l'indépendance.

M. Medvedev a laissé entendre vendredi que le projet de l'OTAN pourrait entraîner une nouvelle dégradation des relations avec l'Alliance et de possibles représailles russes. "Je pense que c'est une mauvaise décision, une décision dangereuse", a-t-il déclaré à la presse dans sa résidence de Barvikha, près de Moscou. "Nous suivrons avec la plus grande attention ce qui se passe là-bas et prendrons une décision", a-t-il ajouté sans plus de précisions.

La Russie est également farouchement hostile à l'ambition de la Géorgie de rejoindre l'OTAN, une opposition qui s'est renforcée depuis la guerre russo-géorgienne d'août dernier.

Le collectif anti-Otan s'interroge et accuse

16/04/2009 - Libestrasbourg - OTAN - Questions et accusations ont volé en fin de matinée lors d'une conférence de presse du collectif anti-Otan de Strasbourg, destinée à faire "un point-bilan à froid" du sommet et du contre-sommet qui se sont déroulés dans le ville les 3 et 4 avril. Au centre des discussions, les violences survenues dans le quartier du Port du Rhin (quatre bâtiments incendiés dont un hôtel et une pharmacie) et l'attitude des forces de l'ordre à leur égard.

"Comment est-ce que les casseurs ont pu faire ce qu'ils ont fait ? Comment se fait-il qu'il n'y avait aucune force de l'ordre sur place ? Je me demande s'il n'y a pas une volonté de confondre les quelques centaines de manifestants violents avec tous les gens qui étaient là pour manifester pacifiquement", se demande Frédéric Henry (Attac), l'un des acteurs du collectif, qui condamne "la bêtise, la connerie politique" des incendiaires. "J'accuse le préfet d'avoir laissé les choses se dérouler ainsi", assène-t-il, évoquant des "violences opportunément créées pour discriminer le mouvement social".
"Ce n'est pas une défaillance (des forces de l'ordre), c'est une volonté politique", poursuit Jean-Charles Vescovo (Parti de Gauche) : "C'est une volonté de Nicolas Sarkozy de montrer que les anti-Otan sont des casseurs. C'est clair, net et précis. On accuse les autorités d'avoir organisé cette casse !".
Idem dans la bouche de Bernard Revollon (FSU) : "J'accuse le ministère de l'Intérieur d'avoir organisé tout cela". Un anti-Otan allemand s'interroge : "Qui est-ce qui a besoin de la violence ? Est-ce les manifestants anti-guerre ou l'Otan, pour pouvoir dire que nous sommes violents ?".

Plaintes

Et les défaillances constatées du côté des organisateurs de la manifestation, notamment l'absence de service d'ordre ? Frédéric Henry répond en plusieurs étapes. Un : les accès au point de départ de la manifestation n'ont été ouverts qu'avec deux heures et demie de retard, provoquant "de grosses difficultés pour que les gens se rassemblent, y compris le service d'ordre". Deux : des bus venant à Strasbourg ont été stoppés loin de la ville par les forces de l'ordre, alors que certains d'entre eux transportaient des militants devant prendre part au service d'ordre collectif. Trois : au point de départ de la manifestation, "la sono était couverte par le bruit des hélicos", rendant difficile la transmission de consignes. Quatre : le cortège venu d'Allemagne a été interdit de franchissement du Rhin, alors qu'il comportait son propre service d'ordre qui devait prêter main forte aux organisateurs français.
Le collectif, qui a lancé des appels à témoignages auprès des manifestants, annonce qu'une "quinzaine de plaintes individuelles" pourraient être déposées prochainement, sans en préciser le motif. De son côté, un habitant du quartier du Port du Rhin, Etienne Auberger, tente de susciter une plainte collective pour "mise en danger de la vie d'autrui" et "non assistance à personne en danger". Une enseignante de Metz, qui indique avoir été blessée à la jambe par un tir de grenade lacrymogène alors qu'elle manifestait dans le cortège du NPA le 4 avril, a également déposé plainte à Strasbourg pour violences volontaires. Même chose pour un militant du Mouvement de la Paix originaire des Bouches-du-Rhône, qui indique avoir été victime d'un tir tendu de grenade lacrymogène.

T.C.

Voir aussi en video :

Le sept dix, jeudi 16 avril sur France Inter

L'invité d'Inter : Michèle Alliot-Marie Ministre de l'Intérieur [édifiant, on vous aura prévenu]

Le nouveau chef de l'Otan, "ennemi de l'Islam" pour les taliban

16/04/09 Yahoo infos -Les taliban affirment que l'arrivée à la tête de l'Otan d'Anders Fogh Rasmussen, Premier ministre danois lors de l'affaire des caricatures du prophète Mahomet, va conduire à une intensification de la guerre en Afghanistan.

Anders Fogh Rasmussen a été nommé secrétaire général de l'Alliance atlantique au début du mois et devrait prendre ses fonctions en août. Il avait défendu la publication de caricatures du prophète Mahomet en 2006 dans la presse danoise en invoquant la liberté d'expression et avait refusé de présenter des excuses aux pays musulmans.

"Le principal ennemi du prophète de l'Islam (...) devient le secrétaire général de l'Otan", peut-on lire dans un article publié sur le site internet des taliban.

Sa nomination, préviennent les islamistes chassés du pouvoir fin 2001 par les troupes occidentales, va "renforcer la volonté des musulmans" de combattre les forces de l'Otan et conduire à "l'intensification de la guerre".

L'affaire des caricatures avait déjà mis un frein à la candidature de Rasmussen en raison de l'hostilité de la Turquie, seul membre de l'Otan à majorité musulmane.

Ankara n'a levé son veto à sa nomination qu'après avoir obtenu du président américain Barack Obama la promesse qu'un des adjoints de Rasmussen serait turc et que des officiers turcs seraient présents au sein du commandement militaire.

La Turquie estimait que la présence de Rasmussen à la tête de l'Otan risquait d'exacerber l'hostilité envers les Occidentaux dans de nombreux pays, dont l'Afghanistan, où l'Alliance est engagée dans la plus importante opération de son histoire avec 56.000 hommes déployés sous son commandement.

Blessée à Strasbourg : Une militante anti-Otan dépose plainte contre la police

Le Républicain Lorrain - Catherine Stotzky, de Metz, raconte comment elle a été blessée par un tir de lacrymogène, le 4 avril à Strasbourg, alors qu’elle manifestait avec le Nouveau parti anticapitaliste contre l’Otan. Elle a déposé plainte contre la police.

Le 4 avril, en marge du sommet de l’Otan à Strasbourg, la manifestation a tourné au cauchemar pour Catherine Stotzky, une enseignante du lycée Louis-Vincent, à Metz. Agée de 37 ans, la jeune femme a été sérieusement blessée au mollet par un tir de grenade lacrymogène, lâché au cours des échauffourées par un membre des forces de l’ordre.

De retour à Metz, Catherine a en effet eu droit à un diagnostic formel aux urgences de l’hôpital Bon-Secours : plaie de l’épiderme avec perte de substance de la face interne du mollet droit, par une bombe lacrymogène. Compte tenu de la nature de la blessure, aucun point de suture n’a pu être posé et une greffe de peau sera sans doute nécessaire. Dix jours après les faits, la Messine arbore encore un énorme hématome qui s’étend du bas du pied au-dessus du genou. «Heureusement, le muscle n’est pas touché », explique l’enseignante-militante, qui utilise une béquille pour marcher et est en arrêt de travail jusqu’au 11 mai. Très en colère, la jeune femme a déposé plainte auprès du procureur de la République de Strasbourg pour violences volontaires aggravées commises par une personne dépositaire de l’autorité publique et avec arme. «J’ai vraiment l’impression qu’il y a eu une volonté délibérée d’intimider les manifestants, raconte-t-elle en se rappelant la manif. Je n’avais rien à voir avec les Black Blocks (mouvance regroupant des jeunes encagoulés et armés, N.D.L.R.) et pourtant, j’ai été blessée par un policier.»

Confusion impossible

Catherine déroule son récit, certaine qu’il était impossible pour les policiers de confondre militants et casseurs encagoulés : «Armés de barres de fer, de petits groupes de Black Blocks circulaient dans les rangs de la manifestation. Je n’ai pas eu peur tout de suite, je pensais qu’en restant avec le NPA, il ne pouvait rien m’arriver. Mais c’était un peu comme s’il y avait eu deux manifestations en une…» Quand les Black Blocks ont cassé une cabine téléphonique, ils ont été hués par certains militants. «Le cortège a été alors dirigé par les forces de l’ordre vers la rue du Port du Rhin, où nous sommes restés bloqués près de trois quarts d’heure. C’était une vraie souricière : nous avons commencé à paniquer, les hélicoptères survolaient les lieux. Nous nous sommes assis par terre, pendant que les Black Blocks cassaient tout et que la police leur envoyait des grenades lacrymogènes.» Une grenade perdue, peut-être ?

D.-A. D. - Publié le 15/04/2009

[Otan] Action devant le consulat de france à Liège

Indymedia - 13.04.2009

Ce vendredi 10 avril vers 14h, une vingtaine de personnes se rendent devant le consulat de France pour protester contre la répression qui s'abat à Strasbourg à l'encontre d'activistes anti-militaristes lors du contre sommet de l'OTAN.

Déguisés en "black bloc", les activistes liégeois font une parodie de prise d'assault du consulat pour y accrocher une banderole. Alertés par les images des multiples caméras de surveillance, un peloton de la brigade antibanditisme est envoyé sur les lieux, accompagné par la police locale et des membres et rejoint par la section antiradicalisme de la police fédérale.

Un activiste, spécialiste de la course avec obstacles, arrive à s'échapper.

VenuEs protester contre les arrestations arbitraires, en parodiant une arrestation, illes finiront par être eux-même arrêtéEs, colsonnéEs, interrogéEs et fichéEs avec prise d'empreintes et interrogatoires (pour certainEs).

Répression hallucinante contre théatre de rue
Indymedia - 10/04/2009

A 14h00, une vingtaine d'activistes s'est rassemblé devant le consulat Francaise, place St-Paul, Liege, pour protester contre la repression en France. Une parodie sur le black block, certaines etaient masqué et armés avec des fusils d'eau ou des cocktails (vodka-orange). De l'autre coté l'armée des clowns ont essayé à maintenir le paix. Apres un quart d'heure, la police Liegeoise est arrivé en force avec trois combis pour joindre le spectacle. Visiblement effrayé par les méchants black blocks et clowns, ils ont immédiatement mis leur equipement antiterroristes (casques, boucliers ballistiques,...) et appelé des renforts. Les circonstances m'ont obligé de disparaitre dans les ombres, donc je ne sais pas ce qui est passé apres. Je demande à tout le monde qui a de l'info de le publier le plus vite possible.

Lire aussi

Vous filmez des violences, vous risquez la prison
A Strasbourg, le manifestant qui a filmé les représentants de l'ordre en train de lancer des pierres peut légalement être poursuivi

13 avril 2009 -Blog Le Monde de G. Moreas - Le simple fait de sortir votre téléphone portable pour filmer des violences vous rend complice de ces violences. C’est une loi de mars 2007 reprise dans le Code pénal (art. 222-33-3), qui dit : « est constitutif d’un acte de complicité des atteintes volontaires à l’intégrité de la personne (…) le fait d’enregistrer sciemment, par quelque moyen que ce soit, sur tout support que ce soit, des images relatives à la commission de ces infractions ».

Ainsi, il suffit de filmer ou de prendre en photo des violences pour être « légalement » complice de ces violences. Et si ces actes entraînent le décès de la victime, vous voilà présumé complice d’un meurtre. Et cela même si vous n’avez aucun lien avec les agresseurs.

Au départ il s’agissait de lutter contre le happy slapping (joyeuse baffe), ce comportement de collégiens qui consiste à filmer des scènes violentes pour ensuite en diffuser les images, situation où le plus souvent le « caméraman » est de connivence avec les agresseurs. Mais mine de rien, le législateur est allé beaucoup plus loin : il a créé un délit autonome. Ce que les juristes appellent un cas de présomption légale de complicité.

Ainsi, un badaud filme avec son téléphone portable une agression dont il est le témoin, peu importe ses intentions : il est coupable et il encourt les mêmes peines que les agresseurs. Aucune justification possible, aucune possibilité de preuve contraire. Les faits sont dits irréfragables. Et le quidam se retrouve complice d’un délit ou d’un crime dont il ignore tout. À la merci d’une peine qui peut aller de 3 ans d’emprisonnement (et 45.000 € d’amende) à la réclusion criminelle à perpétuité. Il existe seulement deux exclusions : « lorsque l’enregistrement ou la diffusion résulte de l’exercice normal d’une profession ayant pour objet d’informer le public ou est réalisé afin de servir de preuve en justice ».

Les journalistes sont donc exclus de ce texte, mais du bout des lèvres. À eux de prouver qu’ils agissaient dans l’exercice de leur profession. Pour un photographe de presse free-lance, pas évident !

Mais de quelles violences parle-t-on ?

Cela vise les crimes et délits prévus aux articles 222-1 à 222-14-1 et 222-23 à 222-31. Autrement dit, violences légères, torture, viol, actes de barbarie, etc. Dans un document paru dans la documentation juridique LexisNexis, Stéphane Detraz, maître de conférences à l’Université Paris XI, nous dit que la définition va bien au-delà de la forme classique du happy slapping, « elle recouvre non seulement ce type de comportement (…) mais également le fait de filmer, par exemple, des violences accomplies sur le mode « humoristique » à l’encontre d’un individu consentant, la rébellion d’une personne contre des fonctionnaires de police - ou, à l’inverse, un « passage à tabac » de leur part - ou encore des bagarres survenant lors d’une manifestation ».

On en arrive à un paradoxe étonnant où une personne qui filmerait des violences policières (illégitimes, s’entend) se verrait poursuivie comme complice des policiers qui ont commis ces violences.

Elle est pas belle, la vie !

Bien sûr, vous vous dites que ce n’est pas possible. Les juges vont apprécier les faits, ne pas appliquer le texte, un peu comme ils le font pour le délit d’assistance. Et dans quelques décennies, on aura sans doute un autre Éric Besson qui nous dira : « En 65 ans d’application de cette loi, personne en France n’a jamais été condamné ».

Quel drôle de pays où les élus pondent des lois sans en mesurer les conséquences, à charge aux juges de s’en dépatouiller !

Si l’on veut rapprocher le Code pénal de l’actualité, on parvient à cette conclusion : à Strasbourg, le manifestant qui a filmé des représentants de l’ordre en train de lancer des pierres peut être poursuivi et condamné si lesdits représentants de l’ordre sont eux-mêmes poursuivis et condamnés.

Bon, vous me direz, l’enquête est en cours…

La complicité « automatique » ne vise que l’enregistrement. Pour la diffusion des images, le législateur a créé un délit distinct, punissable de 5 ans de prison et 75.000 € d’amende. On pourrait donc penser que le policier qui a diffusé sur Facebook la vidéo d’une agression dans un autobus risque de le payer cher. Mais pas du tout ! Ces images ont été prises par une caméra de surveillance, pour servir de preuves, et dans ce cas l’alinéa 3 de l’article 222-3-3 précise que ledit article « n’est pas applicable ». Cette vidéo peut donc être diffusée sur le Net (ce qui n’est plus le cas, puisqu’elle a été retirée) alors que les vidéos des manifestations anti-Otan tombent sous le coup de la loi et ne devraient pas être diffusées (alors qu’elles y sont toujours). Bizarre, non !

À noter que si l’on applique à ce délit de complicité la définition habituelle de la complicité, le simple fait de prêter par exemple son appareil-photo, peut constituer une «complicité de complicité». Et pour la clarté du texte, il est bon de rappeler que le complice du complice encourt les mêmes peines que l’auteur principal et ses complices.

Je me demande, en racontant tout ça, si je ne me fais pas le complice de quelque chose…

Les habitants du Port du Rhin manifestent

Le Républicain Lorrain 9 avril 2009 - Des habitants du Port du Rhin, à Strasbourg, ont manifesté, hier, pour demander la réparation de leur quartier sinistré.

Des habitants du quartier du Port du Rhin où des manifestants radicaux anti-Otan ont incendié samedi des bâtiments et un hôtel, ont défilé, hier, jusqu’à l’hôtel de ville de Strasbourg pour demander réparation pour leur quartier sinistré. Deux cents personnes selon les organisateurs, 170 selon la police, ont défilé derrière des banderoles « Port du Rhin sacrifié » et « Pris en otage sacrifié Otan ».

Le maire de Strasbourg, Roland Ries, estime que « dans le cadre des réparations dues, l’Etat devra intervenir fortement » et il a évoqué le projet de tram qui pourrait aider à faire du Port du Rhin « un deuxième quartier européen de la ville ».

Hier, M. Ries a été annoncé à la délégation d’habitants, reçue à la mairie, qu’il assisterait dans la soirée à une séance de travail avec les associations et les commerçants. Des mesures prises en faveur du quartier sinistré doivent être annoncés par le maire la semaine prochaine.

La CGT a critiqué tout à la fois, hier, des « exactions » de « groupes minoritaires lors de la manifestation anti-Otan samedi à Strasbourg » et « l’attitude inadmissible des autorités policières au plus haut niveau ».

Le président du groupe PS du Sénat, Jean-Pierre Bel « s’interroge sur la façon dont ont été gérés » les incidents lors des manifestations contre le sommet de l’Otan à Strasbourg. « Les sénateurs socialistes souhaitent que tous les éclaircissements soient donnés à la population et aux élus de Strasbourg », a dit M. Bel à l’issue d’une rencontre avec le maire de Strasbourg. M. Bel s’interroge « sur la façon dont ont été gérés » les incidents, « notamment après le départ des personnalités et des chefs de l’Etat ».

Fausses accusations

Par ailleurs, les accusations d’un policier contre sa hiérarchie qui aurait tardé à intervenir dans l’hôtel incendié par des militants autonomes samedi sont fausses, a affirmé hier le syndicat d’officiers de police Synergie.

« Nombre d’officiers, qui étaient à l’écoute radio, témoignent que jamais les autorités n’ont ordonné un demi-tour aux forces de l’ordre venues en renfort pour évacuer les fonctionnaires et citoyens bloqués dans l’hôtel », a dit Jean-Pierre Di Egidio, secrétaire général Alsace-Lorraine de Synergie Officiers, 2e syndicat des officiers de police. « En outre, ce qui est peu glorieux, ce gardien de la paix s’octroie apparemment un acte de bravoure accompli par deux de ses collègues strasbourgeois venus en renfort », ajoute le syndicat.

Les députés PCF et leurs collègues du groupe GDR ont demandé, hier, la création d’une commission d’enquête parlementaire pour « faire la lumière sur les conditions dans lesquelles se sont déroulées les manifestations ».


Retour au Port-du-Rhin - Video de dna_web

Retour sur les affrontements en marge du sommet de l’OTAN

L'Humanité le 9 avril 2009 - À Strasbourg, les habitants du quartier du Port-du-Rhin envisagent sa reconstruction mais sont déterminés à connaître la vérité sur les violences.

Strasbourg (Bas-Rhin), correspondance particulière.
L’OTAN, pour elle, n’était pas qu’un mauvais rêve. Samedi Anne-Véronique Auzet a évacué les voisins, « géré les crises de nerfs », fait fuir des manifestants en pleurs par des cours intérieurs, hébergé ceux qui ne pouvaient pas rentrer chez eux et beaucoup, beaucoup parlé. Ce mercredi après-midi, elle a le sourire aux lèvres : elle est venue à la manifestation avec ses voisins et amis du quartier du Port-du-Rhin. Accompagnés d’organisations syndicales et politiques, tous se dirigent fièrement vers le bâtiment abritant les services de la ville, avant de se rendre à la préfecture « pour demander des comptes ».

L’OTAN a plié bagages, mais eux restent dans leur quartier des bords du Rhin. Les affrontements entre « black blocs » et police ont eu lieu sous leurs fenêtres : ils ont perdu leur pharmacie, le distributeur de billets est détruit, les murs sont noirs, l’hôtel Ibis a flambé… Ces ravages ont eu pour effet de secouer les autorités politiques et de souder les habitants autour d’un même diagnostic sur les problèmes du quartier : « les commerces » qui « ferment les uns après les autres », l’absence « d’animation pour nos enfants », « les travaux de réhabilitation qui n’avancent pas », « le club du 3e âge qui a disparu », « les moyens de garde d’enfants insuffisants »… La volonté politique manque.

L’avenir, ils l’envisagent dans la « reconstruction du quartier », comme le crie cette habitante au mégaphone. Mais sur le sommet de l’OTAN, le traumatisme demeure : « Le samedi matin, il y avait énormément de service d’ordre dans le quartier pour la photo souvenir des 26 chefs d’État sur la passerelle. Une fois la cérémonie terminée, les policiers aussi sont partis alors qu’une importante manifestation contre l’OTAN se rassemblait près du quartier du Port-du-Rhin. Cette absence de forces de l’ordre a permis aux casseurs de se déchaîner autour du quartier », expliquent les habitants dans un communiqué commun.

Mais les questions demeurent. Pourquoi la police était-elle si représentée au centre-ville et si peu présente dans ce quartier, l’un des plus pauvres de Strasbourg ? Pourquoi la police allemande n’a-t-elle pas pu intervenir ? Pourquoi les pompiers et les secours ont-ils mis tant de temps à arriver ? Sur ce point justement, un policier présent dans l’hôtel de Strasbourg au moment où il a été incendié a accusé sa hiérarchie, dans un courriel envoyé mardi aux syndicats de police, d’avoir mis en danger sa vie et celle de ses collègues en tardant à leur porter secours. « Le directeur départemental (de la police de Strasbourg), chef du dispositif, avait donné l’ordre aux effectifs se rapprochant de faire demi-tour », a affirmé le policier. Une vingtaine de minutes se sont écoulées entre l’appel au secours des policiers dans l’immeuble et l’intervention. Les personnels ont pu être évacués une demi-heure après l’appel, a-t-il encore précisé.

Quant aux agissements des forces de l’ordre lors des affrontements dans le quartier du Port-du-Rhin, qui ont eu lieu au milieu de manifestants non violents pris au piège, le Mouvement de la paix s’interroge aussi « sur la tenue surprenante de quelques CRS (…) vêtus de jeans, de sweat-shirts sombres et de petits sacs à dos de toile ». Sur une vidéo diffusée sur Internet par un manifestant anti-OTAN, on voit des forces de l’ordre ramasser des pierres sur le ballast et l’envoyer dans la foule.
Joséphine de Boisséson

OTAN à Strasbourg : qui les CRS caillassaient-ils ?

RTL Infos 9 avril 2009 - Une vidéo largement diffusée sur internet montre des CRS lancer des pierres en direction du cortège des manifestants défilant à Strasbourg en marge du sommet de l'OTAN. On ne voit pas qui les CRS visent. Avant les jets, on voit des jeunes cagoulés se mêler aux manifestants... Selon nos informations RTL, le ministère de l'Intérieur a ouvert mercredi une enquête interne pour faire la lumière sur cette séquence troublante.

Un policier présent dans l’hotel incendié à Strasbourg accuse sa hiérarchie

Un policier présent samedi dans l’hôtel de Strasbourg incendié par des militants autonomes en marge du sommet de l’Otan a accusé sa hiérarchie d’avoir mis en danger sa vie et celle de ses collègues, en tardant à leur porter secours.

Dans un courriel envoyé mardi aux syndicats de police, dont l’AFP a eu connaissance, le gardien de la paix raconte qu’il était "dans l’hôtel Ibis lors de l’attaque des +Black blocks+ (...) d’une extrême violence". "Nous avons vu la mort de près, de trop près durant une bonne demi heure", a-t-il ajouté.

L’authenticité de ce courriel a été confirmée à l’AFP par l’intéressé qui a requis l’anonymat et s’est refusé à tout autre commentaire.

"Le directeur départemental (de la police de Strasbourg), chef du dispositif, avait donné l’ordre aux effectifs se rapprochant de faire demi-tour", a affirmé le policier.

"Le secteur était trop dangereux pour eux", écrit ce policier, les accusant de les avoir "sacrifiés".

Interrogé par l’AFP, le directeur départemental, Luc-Didier Mazoyer, a démenti avoir ordonné de faire demi-tour.

"J’ai donné l’ordre au chef des Brigades anti-criminalité d’attendre le rassemblement de tous ses effectifs qui étaient dispersés en centre-ville, ce qui a duré tout au plus quelques minutes, pour qu’il puisse intervenir en toute sécurité avec l’appui d’une compagnie de CRS", a-t-il souligné.

Une vingtaine de minutes se sont écoulées entre l’appel au secours des policiers dans l’hôtel Ibis et l’intervention. Les personnels ont pu être évacués une demi-heure après l’appel, a-t-il encore précisé.

La stratégie de la police durant les violents affrontements qui se sont produits à Strasbourg alors que se réunissaient les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Otan fait l’objet d’une polémique.

Le maire socialiste de Strasbourg, Roland Ries, a demandé lundi la "lumière" sur le fait que "les casseurs ont pu avoir le terrain libre pendant près d’une heure", selon lui, pour incendier plusieurs bâtiments dont l’hôtel Ibis.

Interrogé par l’AFP, Jean-Claude Delage, secrétaire général d’Alliance (second syndicat de gardiens de la paix), a demandé une enquête sur ces acusations afin de voir si elles étaient, ou non, "fondées".

"Si ce qui est dit est vrai, ce serait inadmissible", a ajouté M. Delage.

L’Unsa-police, principal syndicat a confirmé avoir reçu le courriel mais n’a pas souhaité s’exprimer.

"Nous avons pu finalement être évacués, une fois la zone nettoyée par les membres de notre belle et grande famille", a encore écrit le policier dans son courriel, soulignant qu’il avait laissé derrière lui vêtements et "matériels collectifs".

Il affirme avoir "sauvé la vie" de certains de ses collègues présents (six selon son décompte) mais aussi, avec d’autres collègues, celle de six autres occupants de l’hôtel.

"Mes collègues me disent que je leur ai sauvé la vie, mais notre professionnalisme, notre sang froid, notre courage et notre dévouement ont également permis de sauver la vie de six autres personnes (quatre employés de l’hôtel, un journaliste et un client)", écrit-il en effet dans ce courriel.

Source

Proposition de résolution au Sénat

tendant à la création d'une commission d'enquête parlementaire sur le déroulement de la manifestation du 4 avril 2009 à Strasbourg,

PRÉSENTÉE

Par Mmes Éliane ASSASSI, Nicole BORVO COHEN-SEAT, Josiane MATHON-POINAT

Mesdames, Messieurs,

Les événements qui ont eu lieu à Strasbourg, lors du sommet de l’OTAN le 4 avril dernier, suscitent de nombreuses interrogations.
Les intentions des milliers de manifestants qui s’étaient réunis à cette occasion pour refuser de voir la France réintégrer l’OTAN étaient pacifiques. Ils se sont déplacés afin d’exprimer leur point de vue dans le respect des lois et des personnes. Hélas, les manifestants, venus défiler pour la paix, ont été finalement empêchés de défiler en raison des violences, exactions et dégradations commises par des groupes minoritaires et ultra-violents. Ces derniers étaient habillés de noir, avaient le visage masqué, et étaient munis de pierres ou de bâtons : leur objectif recherché était manifestement l'affrontement et rien d’autre.
C’est pourquoi il ne peut être fait aucun amalgame entre les manifestants et ces groupes, dont les actes sont évidemment intolérables.
La confusion qui est ainsi entretenue par les médias et le gouvernement masque opportunément les dysfonctionnements que tous ceux qui ont participé à la manifestation ont pu constater sur place.
Il faut en effet s’interroger sur le décalage entre l’important dispositif policier mis en œuvre quelques jours avant la manifestation et la gestion du déroulement de la manifestation.
La vie quotidienne des strasbourgeois a été perturbée par un important déploiement des forces de l’ordre et par des entraves à leur liberté d’expression –interdiction d’accrocher à son balcon ou à sa fenêtre un drapeau arc-en-ciel de la paix- et à leur liberté de circulation –des autoroutes et des rocades ont été totalement fermées à la circulation.
Le jour de la manifestation, le rassemblement des manifestants a en réalité été impossible, certains ayant été empêchés de rejoindre la manifestation, des CRS bloquant un parcours de manifestation pourtant négocié. Les points de tension entre manifestants et forces de l’ordre se sont ainsi multipliés, tensions exacerbées par l’usage de gaz lacrymogène pendant plusieurs heures par ces dernières.
Par ailleurs, selon plusieurs témoignages, certains manifestants se sont retrouvés pris en étau, dans une « souricière » dans laquelle les forces de l’ordre les incitaient à rentrer mais les empêchant ensuite de ressortir : cette stratégie a mis en danger de milliers de manifestants, de nombreux d’entre eux revenant choqués, tout au long de la journée, par les violences et les affrontements qu’ils avaient vus et subis. D’autres se sont retrouvés à l’extérieur du dispositif, ainsi privés de leur liberté de manifester.
De plus, les forces de l’ordre n’ont pas hésité à s’en prendre à la presse, contrôlant et fouillant, parfois au corps, les journalistes, qui ont même été empêchés de filmer ou d’enregistrer des interviews.
Enfin, le jour du départ, les manifestants, quittant la zone dans laquelle ils campaient, ont été fouillés par les forces de l’ordre, parfois au corps, et obligés d’abandonner certains effets personnels.
C’est pourquoi les sénatrices du groupe Communiste, Républicain, Citoyen et des sénateurs du Parti de Gauche, membres de la commission des Lois, demandent qu’une commission d’enquête permette de répondre à plusieurs questions :
- Alors que, selon le gouvernement, près de 9 000 policiers et gendarmes, 1 500 militaires et 1 500 pompiers ont été mobilisés pendant ces deux journées de sommet de l'Otan, comment de telles violences ont-elles pu avoir lieu, sans qu’une réponse appropriée soit apportée ?
- Pourquoi les forces de l’ordre sont-elles restées inactives lorsque les groupes violents ont pu commettre leurs exactions en toute liberté, terrorisant ainsi les personnes venues manifester pacifiquement ?
- Pourquoi les manifestants ont-ils été pris au piège, se retrouvant ainsi dans l’impossibilité de manifester dans des conditions optimales de sécurité ? Pourquoi d’autres ont-ils été privés de la liberté de manifester, compte tenu de l’impossibilité de rejoindre le rassemblement ?

Ces questions attendent des réponses et c’est pourquoi il vous est proposé de bien vouloir délibérer et adopter la présente proposition de résolution tendant à créer une commission d'enquête.

Commission d'enquête au Sénat

--PROPOSITION DE RÉSOLUTION
tendant à la création d'une commission d'enquête sur les circonstances et les conséquences de la gestion du service public des forces de l'ordre dans le cadre du Sommet de l'Organisation du Traité Atlantique Nord les 2, 3 et 4 avril 2009,


PRÉSENTÉE
Par MM. Jacques MULLER, Jean DESESSARD et Mmes Alima BOUMEDIENE-THIERY, Marie-Christine BLANDIN et Dominique VOYNET, Sénateurs.

EXPOSÉ DES MOTIFS
Mesdames, Messieurs,
Les 3 et 4 avril 2009 s'est tenu à Strasbourg le sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Organisation du Traité Atlantique Nord (OTAN).

En marge de ce sommet s'est organisé un « contre sommet », regroupant des organisations et des citoyens majoritairement issus de la société civile et du mouvement pacifiste de différents pays d'Europe. Ces organisations ont tenté d'organiser une série de manifestations pacifiques, parfaitement légitimes, en vue d'exprimer démocratiquement leur opposition aux orientations politiques et militaires de l'OTAN.

Le sommet des Chefs d'Etat et de gouvernement ainsi que le contre sommet ont donné lieu à un déploiement des forces de l'ordre particulièrement important (plusieurs milliers).

En dépit de cette présence massive, des incidents matériels graves ont éclaté, notamment des incendies, qui ont dévasté l'un des quartiers pauvres de la ville de Strasbourg. Ces exactions sont dues à la présence d'individus, pour certains parfaitement organisés en commandos, venus souvent de loin pour semer la destruction dont ils sont coutumiers à chaque rassemblement international. Ces derniers, dont les pratiques et les valeurs sont aux antipodes de celles du mouvement de paix, n'ont strictement rien à voir avec les manifestants qui ont tenté de s'exprimer, en vain.

Au regard de ses événements qui ont traumatisé la population de Strasbourg et plus particulièrement ceux du quartier du Port-du-Rhin précité, il convient aujourd'hui de s'interroger sur la gestion des évènements par les forces de l'ordre le samedi 4 avril :

1) Il ressort de nombreux témoignages, (d'habitants, de manifestants, d'élus, comme de journalistes) qu'il s'est écoulé un laps de temps particulièrement important entre la commission de méfaits, notamment les agissements des incendiaires dans le quartier du Port-du-Rhin livré à lui-même, et l'intervention des forces de l'ordre : en témoigne le sauvetage de l'école du quartier par l'action courageuse de mères de familles venues à la rencontre des casseurs.
2) Dans le même esprit, des fonctionnaires de police présents en bordure de l'ancien poste de frontière ravagé par un incendie ayant demandé l'autorisation d'intervenir immédiatement, se sont vus curieusement invités de rester spectateurs, laissant ainsi le champ libre aux casseurs.
3) Tous les observateurs ont relevé une concentration de véhicules de pompiers en centre ville, notamment près de la place Gutenberg, qui contraste étrangement avec le déficit évident sur le tracé de la manifestation.
4) Contrairement à ce qui avait été conclu avec les organisateurs de la manifestation qui s'est toujours explicitement revendiquée pacifique, l'accès au Jardin des deux Rives, site de rassemblement excentré et bien sécurisable alentours, a été empêché par la multiplication des barrages, le plus souvent loin en amont du site. Les observateurs notent ainsi que le déploiement des forces de police semble avoir été conçu prioritairement pour limiter l'accès - et l'ampleur du cortège - plutôt que pour protéger les biens et les personnes, y compris les manifestants, tant sur le site et que sur le trajet convenu.
5) Si les autorités ont été amenées par les événements à modifier le parcours de la manifestation initialement convenu avec les organisateurs, elles ont ensuite piloté le cortége dans une véritable impasse. Les charges de forces de police à la poursuite des casseurs en queue de cortège ont créé une situation extrêmement dangereuse compte tenu du nombre de manifestants pris au piège, dans un véritable étau, entre barrages policiers et grenades lacrymogènes, bombes assourdissantes et flash-balls : si la panique s'était emparée des manifestants, le drame était inscrit.

L'ensemble de ces observations fonde la demande de création d'une commission d'enquête sur la gestion des forces de l'ordre (polices nationale et municipale, gendarmerie etc.) par la ministre de l'Intérieur Michèle Alliot-Marie, notamment en vue de vérifier la véracité des témoignages et des déclarations des uns et des uns autres.

C'est pourquoi nous vous demandons, Mesdames, Messieurs, d'adopter la présente résolution.

PROPOSITION DE RESOLUTION

Article unique

Il est créé en application de l'article 6 de l'ordonnance 58-1100 du 17 novembre 1958 et de l'article 11 du Règlement du Sénat, une commission d'enquête composée de vingt et un membres.

Cette commission est chargée d'apporter toute la lumière nécessaire sur les circonstances et les conséquences des événements violents survenus à Strasbourg du 2 au 4 avril 2009, et plus particulièrement sur la gestion du service public des forces de l'ordre.

Comte tenu de la nature des événements qu'elle est chargée d'examiner, la commission veille particulièrement à
recueillir des informations sur des faits n'ayant pas donné lieu à des poursuites judiciaires, conformément aux dispositions du troisième alinéa du paragraphe I de l'article 6 de l'ordonnance du 17 novembre 1958 précitée.

Accueil d'Obama et Sarkozy à Strasbourg
Ne pas être UMP, dans ce pays: est-ce une tare?

Le Post - Par vladana, le 09/04/2009 - L'opinion exprimée n'engage que son auteur.

En tout cas, les exemples de "discrimination positive" à l'égard des militants UMP sont légions, en voici un exemple :

Vous n'êtes pas sans savoir que Barack Obama, celui pour qui auraient voté les Français à une écrasante majorité, était en France : à Strasbourg.

A Strasbourg il y a 263 941 habitants (chiffres du CCI 2006).

200.000 habitants privés de saluer le président américain au nom de la sécurité, 200.000 habitants priés de rester en dehors du périmètre de Barack Obama, autrement dit de rester chez eux.

Ne croyez pas qu'on ait trop hurlé au sujet des zones qui nous étaient interdites, on râlait mais on est discipliné à Strasbourg, on a compris... Il s'agissait de sécurité. Tout cela était justifié par la sécurité.

Ma voisine de 70 ans était tellement persuadée que tout ce quadrillage policier n'était justifié que par la présence de celui pour qui elle avait vibré durant toute la campagne américaine, celui pour qui elle aurait voté, celui qu'elle admire... Qu'elle a passé son samedi matin assise en regardant le pont Vauban.

Assise à se dire que si tous ces camions de police avaient investi le pont, c'est que la voiture de Barack Obama, allait passer par là.
Je lui ai expliqué que tous ces camions stationnés là depuis des heures et pendant encore des heures étaient uniquement destinés à empêcher les manifestants de pénétrer dans Strasbourg centre.

Je lui ai dit et redit que oui, Barack Obama aussi était de l'autre côté du pont, que oui, il était au Jardin des deux Rives, quartier où devait se dérouler la manifestation. Mais que non, il ne passerait pas le pont (mais par le ciel), que si elle voulait l'apercevoir, son Barack, il aurait fallu qu'elle... Adhère à l'UMP.

"Mais pourquoi ?" me demande t-elle, "parce que, parce qu'il en va de sa sécurité, parce qu'il faut des gens biens, des gens pas dangereux pour acclamer Barack Obama".

Bien entendu ma voisine est quelqu'un de bien, bien entendu elle ne lui aurait pas fait de mal à Barack mais... Comment trier les gens ? Comment savoir qui veut du bien à Barack Obama ?

Encore une fois, on s'est dit : c'est le président américain, ils ne pouvaient pas laisser tout un chacun l'accueillir et risquer l'incident diplomatique... Imaginez qu'un partisan de Mac Cain lui ait crié "casse toi pauv'con" ?

Et on a accepté sans broncher, que ce soit cette charmante jeune fille de 22 ans Cécilia DERVOGNE (que vous pouvez retrouver sur le site JUMP67), adhérente UMP parmi 500 militants UMP, qui ait fait une bise à Barack, plutôt que la boulangère du quartier.

Et puis, il y a eu l'arrivée de Barack Obama à Prague. Un président américain qui fait un discours sur l'esplanade du château devant... 30 000 personnes... 30 000 adhérents du parti au pouvoir ?

Je ne le sais pas, mais ça m'a fait réfléchir.

Et si Barack Obama n'avait pas peur du peuple ? Et si Barack Obama ne rechignait pas à découvrir une Europe peuplée ?

Mais alors pourquoi ? Pourquoi nous a t'on interdit d'apercevoir Barack ?

Peut être simplement parce que Barack Obama était l'hôte d'un Président qui a pris l'habitude de remplacer le peuple par les militants UMP....

Peut être que ça n'était pas la sécurité du Président des Etats-Unis qui était en jeu, mais la peur de notre Président de s'entendre dire en français dans le texte "casse toi pauv'con".

Dans combien de pays au monde, à votre avis, faut il adhérer au parti majoritaire pour pouvoir attendre l'arrivée d'un chef d'Etat sur le bord de la route ?

Lire aussi : "À Strasbourg, l'accueil de Sarkozy et Obama a été réservé à 90% de militants UMP"
Sommet de l'Otan à Strasbourg: les obsédés de la sécurité font la loi !

Communiqué de « La Fédération » sur la manifestation de Strasbourg.

25.000 policiers, allemands et français, en uniforme. Combien déguisés en civils ?

Des hélicoptères réalisant des rondes permanentes et, notamment, des rondes nocturnes sur le Village alternatif, tenu par des jeunes pacifistes. Strasbourg en état de siége, découpé en zones de sécurité, ses habitants obligés de se déplacer munis des laisser passer.

Dans ces conditions, comment expliquer les événements, qui ont perturbé le contre-sommet Anti-Otan ?

L'efficacité du dispositif policier ne résiste pas à l'analyse, sauf a croire a la complicité entre les « forces de l'ordre » et les casseurs. Ces derniers étant les seuls à avoir pu se déplacer librement , pour accomplir leur besogne.

Selon toutes les estimations ils n'étaient pas plus de 200 et ils ont pu, en toute liberté et impunité, détruire et incendier. La réaction tardive de pompiers, n ‘intervenant - sur

ordre- qu'une heure après la déclaration des incendies force les interrogations, sur la passivité des responsables de la sécurité. Des témoignages signalent l'existence d'ordres émanant de la hiérarchie policière pour empêcher l'intervention contre l'action des casseurs.

A l'opposé, l'action des détachements de CRS a été d'une rare efficacité pour faire obstacle au bon déroulement de la manifestation internationale pacifique, convoquée par plus de 600 organisations, malgré le fait que le parcours était officiellement approuvé par les autorités et que des garanties suffisantes existaient, sur son encadrement.

Le droit de manifester a été sciemment bafoué à Strasbourg. Mais il ne faut pas croire à un acte isolé. La répétition - la liste est longue- d'opérations policières tendant à créer une atmosphère de peur et d'insécurité, pour ceux-celles qui s'opposent aux desseins du pouvoir en place, expriment la volonté de museler toute opposition.

C'est, sans doute, l'explication de ce qui s'est passé à Strasbourg.

C'est pourquoi nous soutenons la demande de constitution d'une commission d'enquête, qui puisse en établir toutes les responsabilités et nous continuerons d'agir avec l'ensemble de ceux-celles qui se battent pour la préservation et l'élargissement des nos droits démocratiques.

Sachons alerter, partout : devant les mobilisations, les coups tordus d'un ex-ministre de l'Intérieur, devenu Président servent le même objectif.

Semer la peur sert à imposer une politique au service des nantis et des rentiers spéculateurs. La manipulation de l'information , avec la soumission complice des médias aux ordres, et les montages policiers préparent d'autres provocations .

Strasbourg est une répétition et un avertissement.

A Paris le 08.04.09. Source

"Il ne peut pas y avoir de police sans violence"

Sur le thème "La police française est-elle trop répressive ?", le débat avec Georges Moréas, ancien commissaire et auteur du blog POLICE et cetera sur Le Monde.fr, mercredi 8 avril 2009
Dans un chat au Monde.fr, Georges Moréas, ancien commissaire de police, s'attriste que l'image de la police se soit tant dégradée dans la société française.

Orwell : Comment interpréter les évènements du week-end dernier à Strasbourg : d'un côté une police absente qui laisse un quartier brûler, et de l'autre des CRS qui caillassent des manifestants pacifistes ?

Georges Moréas : Je ne suis pas un spécialiste du maintien de l'ordre, loin de là. Mais ces actions de police sont en fait subordonnées aux consignes données. C'est à la fois un problème politique et un problème de commandement sur le terrain. A Strasbourg, je suppose qu'il y avait une pression énorme sur le préfet et le chef de la police, et qu'ils ont monté un dispositif en fonction des consignes qu'ils avaient reçues : éviter tout incident sur les personnalités présentes.
Il semble qu'on ait un peu oublié de mettre sur place suffisamment d'équipes de police judiciaire, qui aurait pu intervenir sur les flagrants délits. La police judiciaire n'est pas là pour intervenir sur les manifestants mais sur les délinquants. (...)

alessigeoffroy : Quels sont aussi les recours dont disposent les citoyens lorsqu'ils se considèrent victimes de brutalités policières ? Ces démarches, si elles existent, sont-elles efficaces ?

Georges Moréas : On va être plus long, car j'ai entendu notre ministre de l'intérieur, qui a dit qu'il n'y avait pas eu de violences policières. En fait, il ne peut pas y avoir de police sans violence. Il y a trois sortes de violences : violence légitime – arrestation d'un braqueur par exemple – jusqu'à la légitime défense. Ensuite, les violences accidentales. Dans tout métier, il y a des accidents, dans la police aussi. Enfin, il peut y avoir des violences volontaires.

Ça ne devrait pas exister, mais ça existe. La police est une copie de la société : il y a des types bien et des types moins bien. Si on donne une canne à pêche à un imbécile, ça fait un imbécile heureux ; si on donne une arme à un imbécile, ça fait un imbécile dangereux.

Il y a les moyens de recours habituels. On parle des petites violences, violences verbales ou lors d'un contrôle d'identité. La personne peut déposer plainte, mais il faut savoir que c'est une tactique de la police d'engager une procédure pour rébellion. Le meilleur moyen de se défendre, c'est d'attaquer. (...)

Nora : Un récent rapport d'Amnesty, paru le 2 avril, dénonce les violences policières qui sont en augmentation ces dernières années, et met l'accent sur l'impunité dont bénéficient les détenteurs de l'autorité publique. Ne devrions-nous pas repenser la formation des policiers agents de terrain, et envisager l'indépendance des services d'inspection de la police des polices (IGPN) ?

Georges Moréas : Il y a deux inspections : une pour Paris et une pour le reste de la France. On a l'habitude de dire qu'ils ne font pas de cadeaux aux policiers. D'ailleurs, ils sont plutôt mal vus dans la maison. Faut-il envisager autre chose pour faire des enquêtes sur les policiers ? C'est une question politique, ce sont les députés qui doivent se pencher sur la question. Mais pour l'instant, c'est comme ça.

Moi qui ne suis pas un chaud partisan de la disparition du juge d'instruction, je crains que si on laisse les choses en l'état, on ait des procureurs en prise directe avec des policiers qui vont faire des enquêtes sur des policiers. Je crains que ce ne soit pas crédible.

Mais les policiers sont beaucoup mieux formés qu'avant. Je crois qu'on a aujourd'hui un vrai problème de commandement. On a modifié très récemment le système en faisant des inspecteurs des officiers de police du cadre A, du cadre de commandement, et on a aspiré les commissaires vers le haut. Je crois qu'on est actuellement dans une période charnière où les choses ne se sont pas équilibrées.

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Mis en cause par un policier, le DDSP assume

DNA 8 avril 2009 - Accusé par un fonctionnaire qui se trouvait samedi à l'intérieur de l'hôtel Ibis en feu d'avoir mis sa vie en danger en tardant à envoyer des renforts, Luc-Didier Mazoyer, directeur départemental de la sécurité publique (DDSP) du Bas-Rhin, s'est expliqué ce matin.
Dans le mail qu'il a envoyé mardi aux syndicats de police, le gardien de la paix raconte qu'il a, avec ses quatre collègues, «vu la mort de près, de trop près durant une bonne demi-heure». Le policier met directement en cause le DDSP du Bas-Rhin, chef du dispositif, l'accusant d'avoir «donné l'ordre aux effectifs se rapprochant de faire demi-tour».

«Je comprends l'émotion de ce fonctionnaire de police qui, comme toutes les victimes confrontées à un péril important, trouve toujours les minutes trop longues, rétorque Luc-Dider Mazoyer. L'intervention s'est basée sur la nécessité pour moi de rassembler des effectifs de police spécialisés dans ce type d'interventions qui se trouvaient alors au centre-ville de Strasbourg [...] face à des manifestants très déterminés qui voulaient perturber la tenue du sommet. La décision que j'ai prise a été de rassembler ces effectifs, puis de donner l'ordre de les positionner à mi-chemin entre le lieu de l'incendie et le centre-ville. [...] Ma responsabilité, c'était certes d'assurer la sécurité des personnes [NDLR: à l'intérieur de l'hôtel en proie aux flammes se trouvaient «cinq policiers, des touristes et du personnel»], mais pas de faire n'importe quoi en envoyant des effectifs au hasard, avec des risques certains de blessures graves. Je voyais sur les images ces énergumènes armés de frondes et de barres de fer. Je ne regrette pas d'avoir fait patienter les équipes pendant quelques minutes.»

Le DDSP rappelle qu'il s'est écoulé «19 minutes» entre l'appel à l'aide des policiers qui logeaient à l'hôtel Ibis et le début de l'intervention. L'évacuation des fonctionnaires, des touristes et du personnel ayant pu avoir lieu, d'après le DDSP, «24 minutes après l'appel au secours».
A.B.
Jean-Claude Delage, secrétaire général d'Alliance (second syndicat de gardiens de la paix), a demandé une enquête sur le bien-fondé de ces accusations. «Si ce qui est dit était vrai, ce serait inadmissible», a indiqué le syndicaliste. L'UNSA-Police, principal syndicat, n'a pas souhaité s'exprimer.

Des policiers de Lille et Roubaix piégés dans l'hôtel Ibis incendié à Strasbourg

Mercredi 08.04.2009, 04:51 - La Voix du Nord

Des policiers de Lille et de Roubaix se trouvaient dans l'hôtel Ibis incendié samedi en marge du sommet de l'OTAN, à Strasbourg. Un syndicaliste dénonce un « loupé » dans la sécurité.

Six policiers de la métropole lilloise se sont retrouvés au coeur des violents incidents de samedi, à Strasbourg, en marge du sommet de l'OTAN.

Ils appartiennent à la BAC (brigade anticriminalité) de Roubaix et celle départementale basée à l'hôtel de police de Lille-Sud. Samedi midi, ils rentrent à l'hôtel Ibis, où ils sont logés, après une nuit et une matinée de service au sein de l'immense dispositif des forces de l'ordre déployé dans la capitale alsacienne. Ils sont très vite tirés de leur sommeil. Des centaines de casseurs investissent le hall de l'hôtel. « Ils ont averti par radio la salle de commandement. Ils s'attendaient à voir rapidement arriver des renforts, ce qui n'a pas été le cas », explique Benoît Lecomte, syndicaliste d'Alliance qui a recueilli ces éléments auprès de l'un des agents de la BAC.

Dans l'Ibis, ne sont alors présentes « qu'une douzaine de personnes, dont les policiers et le personnel ». Le feu est mis à l'hôtel.

Les membres de la BAC se réfugient dans des chambres, trop peu nombreux pour faire face : « Ils auraient pu sortir, mais ils se seraient fait casser la tête. En restant à l'intérieur, ils risquaient de partir dans les flammes. Ils étaient coincés. » La situation est délicate. Le brasier se propage : « La fumée montait dans les étages. Ils ont commencé à paniquer (...) Les collègues ont été à deux doigts d'utiliser leurs armes. » Finalement, des patrouilles leur viennent enfin en secours : « À l'écoute des messages sur la radio, un officier de Lille, affecté aussi ce week-end à Strasbourg, a décidé d'y aller. Avec d'autres fonctionnaires, ils ont éloigné les casseurs à coups de tonfa et ont réussi à monter aux étages et sortir les collègues. » Indemnes, les policiers de la BAC sont évacués. « On a frôlé la catastrophe. À deux, trois minutes près, ils mourraient asphyxiés dans l'hôtel. » Et Benoît Lecomte de dénoncer : « Clairement, il y a eu un loupé de l'administration. Le quartier était sous surveillance vidéo. La hiérarchie savait qu'il y avait des pillages. Pourquoi les renforts ont mis tant de temps à arriver ? » Le syndicaliste ajoute : « Mon sentiment, c'est que certains quartiers ont été laissés aux casseurs. » • B. DU.

Strasbourg, manif anti OTAN : des CRS tirent des grenades lacrymogènes en tir tendu


Strasbourg, manif anti OTAN : lacrymogènes en tir tendu - video de Eunous

Les tirs tendus ne sont pas autorisés dans la police: c'est ce qu'a répété Michèle Alliot-Marie, selon Le Monde.....

Strasbourg : la vidéo qui embarrasse la police

Un policier accuse sa hiérarchie

Dans un courriel envoyé mardi aux syndicats de police, un gardien de la paix raconte qu'il était "dans l'hôtel Ibis lors de l'attaque des 'Black blocks' (...) d'une extrême violence". "Le directeur départemental [de la police de Strasbourg], chef du dispositif, avait donné l'ordre aux effectifs se rapprochant de faire demi-tour", a affirmé le policier. "Le secteur était trop dangereux pour eux", écrit-il, les accusant de les avoir "sacrifiés".

Interrogé par l'AFP, le directeur départemental, Luc-Didier Mazoyer, a démenti avoir ordonné de faire demi-tour. "J'ai donné l'ordre au chef des brigades anticriminalité [BAC] d'attendre le rassemblement de tous ses effectifs qui étaient dispersés en centre-ville, ce qui a duré tout au plus quelques minutes, pour qu'il puisse intervenir en toute sécurité avec l'appui d'une compagnie de CRS", a-t-il souligné.

LEMONDE.FR avec Reuters 08.04.09

Des images vidéo diffusées sur Internet mardi montrent des policiers lançant des projectiles sur des manifestants anti-OTAN samedi 4 avril à Strasbourg. D'abord diffusées sur le site Dailymotion, ces images, prises apparemment par téléphone portable, ont été retirées avant d'être remises en ligne par d'autres sites.

On y voit des policiers postés sur un talus SNCF, surplombant un cortège de manifestants et jetant à plusieurs reprises ce qui semble être des pierres en leur direction, en réponse à des jets de pierre les visant. Tout en exprimant des réserves sur l'authenticité des images, deux syndicats de police ont souligné que le jet de projectiles n'était pas une procédure de police régulière.

"DANS LA TENSION, ÇA PEUT ARRIVER"

"Prendre un caillou et le jeter sur des manifestants ne fait pas partie des techniques d'intervention et de maintien de l'ordre", dit Yannick Danio, de l'UNSA-police. "Si c'est vrai, j'imagine qu'il y aura une enquête et des sanctions. Je n'excuse pas, je ne dis pas que c'est bien, mais dans la tension, ça peut arriver", dit Jean-Claude Delage, du syndicat Alliance.

La manifestation, qui a rassemblé de dix mille à trente mille personnes, s'est déroulée dans le calme, mais de violents incidents ont éclaté en marge du défilé, avec l'incendie de plusieurs bâtiments, sans que la police intervienne. Le maire de Strasbourg, socialiste, Roland Ries, a évoqué dimanche le sentiment des habitants de la cité du Port-du-Rhin, où se sont déroulées les violences, "d'avoir été livrés aux casseurs et non protégés".

Otan : colère du Port du Rhin et questions en suspens

OTAN - 08/04/2009 Libestrasbourg - Environ 200 personnes ont manifesté cet après-midi au départ du quartier du port du Rhin, victime de violences et d'incendies samedi en marge de la manifestation anti-Otan. Aux cris de "Port du Rhin, en colère !", ils devaient se rendre à la mairie, pour être reçus par l'adjoint de quartier, puis à la préfecture.

Marguerite, qui habite depuis trente ans dans le quartier, raconte en résumé sa journée de samedi : "Le matin, je pouvais à peine sortir à cause de tous les policiers qui étaient là pour les chefs d'Etats, quand j'ai quitté le quartier en voiture à 11h20, il n'y avait plus un policier, et quand je suis revenue le soir, tout avait cramé". Henri Le Provost, médecin généraliste à Neudorf, contemple la pharmacie incendiée : "Quand je vois des trucs comme ça, j'ai l'impression qu'il y a une police à deux vitesses et une médecine à deux vitesses".

"Donnez-nous le tram"

"On aimerait comprendre. On voudrait que des explications nous soient données, pas seulement à la délégation mais aussi aux gens du quartier. il y a eu une réunion sur place avant le sommet de l'Otan, il en faut une maintenant", explique Christian Schann, président de l'interassociation du quartier, "Au-delà des ponts". Deuxième objet de la discussion : "L'avenir". Les habitants du quartier attendent de savoir quand et comment leur cadre de vie sera réhabilité. Dans la foule, un homme tient d'ailleurs une pancarte sur laquelle on peut lire : "Pour oublier le drame, donnez-nous le tram". "Nous allons compléter le contrat triennal (entre l'Etat et la municipalité) de telle manière que les opérations sur le Port du Rhin soient prises en considération", annonçait dès lundi le préfet Jean-Marc Rebière.
Mardi, dans un mail adressé aux syndicats de police et cité par l'AFP, un gardien de la paix présent dans l'hôtel Ibis du port du Rhin au moment où il a été attaqué puis incendié a accusé sa hiérarchie d'avoir mis en danger sa vie ainsi que celles de ses collègues, en tardant à intervenir. "Le directeur départemental (de la sécurité publique), chef du dispositif, avait donné l'ordre aux effectifs se rapprochant de faire demi‐tour", affirme ce policier. Plusieurs habitants indiquent avoir appelé les secours lors des premières violences dans le quartier du Port du Rhin. Une habitante interrogée mercredi en marge de la manifestation confie par exemple avoir "appelé le 17, puis le 18, parce qu'il y avait le feu à l'hôtel et à la pharmacie et que les policiers et les pompiers n'étaient pas là". Selon ses affirmations, personne n'aurait répondu au 17. Au 18, un pompier lui aurait déclaré : "On sait, on attend les ordres, on ne peut pas intervenir comme ça".

Accusation rejetée

L'accusation lancée par le gardien de la paix a été rejetée ce mercredi par le syndicat d'officiers Synergie et par Luc-Didier Mazoyer, le directeur départemental de la sécurité publique, qui s'est exprimé devant des représentants de la presse régionale. "Pour répondre à cette émotion, je peux simplement confirmer que le délai qui s'est écoulé entre l'instant où l'on nous signale qu'il y a dans cet hôtel Ibis un risque d'incendie et l'arrivée des premiers effectifs à l'hôtel (est de) 19 minutes. (...) Ce délai s'explique par la nécessité d'avoir un maximum, voire la totalité de l'effectif, en capacité d'intervenir pour ne pas rajouter à une situation de péril la mise en danger - qui était certaine en l'occurrence - des personnels, s'ils intervenaient par unités non constituées dans un contexte d'extrêmes violences", a-t-il par exemple déclaré à la radio France Bleu Alsace.
L'explication diffusée sur les ondes de France Bleu ne répond pas à la question de savoir pourquoi l'ordre n'a pas été donné d'intervenir plus tôt. Les actes violents ont commencé vers 13 heures et les messages radio évoquant des dégradations commises sur l'hôtel datent de 13h54, selon la préfecture. Pendant au moins près d'une heure, pourquoi avoir laissé les habitants du quartier du Port du Rhin seuls dans un contexte "d'extrêmes violences", selon les mots du directeur départemental de la sécurité publique ? "Nous avons privilégié la sécurité des personnes à la sécurité des biens", a expliqué le contrôleur général de la police nationale, Hervé Niel. On peut toutefois considérer que les dégradations commises, avec jets de pierres dont certaines rebondissaient sur les vitres et incendies violents de bâtiments à structure métallique (poste de douane et pharmacie) pouvaient constituer une menace pour les personnes. Des femmes du quartier ont dû former une chaine humaine pour protéger l'école des black blocks.

Questions en suspens

Autre question, pourquoi avoir envoyé sur place des unités d'intervention, "qui étaient au centre ville et qui étaient les mieux adaptées" selon Luc-Didier Mazoyer, alors que des CRS se tenaient beaucoup plus près, sur les ponts d'Anvers et Vauban, avec des effectifs et des moyens conséquents pour protéger les accès vers le centre ? Cette question hante les habitants du quartier, qui ont le sentiment que le port du Rhin a été sacrifié au profit de la sécurisation du reste de la ville. D'autre part, des CRS sont au final intervenus pour faire cesser les heurts. Un communiqué de la préfecture le confirme d'ailleurs : "De très nombreux fonctionnaires de la brigade anti-criminalité rejoints par une compagnie de CRS ont procédé à l’évacuation de l’hôtel".
Enfin, on sait désormais qu'un second bâtiment de la douane a été incendié, en contrebas du poste frontière désaffecté. L'extrêmité gauche de l'édifice, où étaient entreposées des archives, a été entièrement sinistrée. Les black blocks n'ont pas réussi a pénétré dans les locaux sécurisés de la brigade de surveillance des douanes, où étaient entreposées des armes. Mais les dégradations commises contre ce bâtiment sensible, qui semblent avoir eu lieu avant 13h54, auraient pu mériter elles aussi une intervention immédiate.
Les députés PCF ont demandé mercredi la création d'une commission d'enquête parlementaire pour "faire la lumière sur les conditions dans lesquelles se sont déroulées les manifestations" du week-end dernier. Les sénateurs socialistes souhaitent de leur côté "que tous les éclaircissements soient donnés à la population et aux élus de Strasbourg". "Ce que j'aimerais, c'est que l'on ait tous comme honnêteté de condamner ceux qui sont à l'origine des violences et non pas les forces de police", tranche la ministre de l'Intérieur, Michèle Alliot-Marie. Qui oublie un peu vite qu'il ne s'agit pas de "condamner" les forces de police dans leur ensemble, mais de savoir s'il est normal que la population civile d'un quartier soit laissée seule pendant une heure et vingt minutes au contact de ceux qui sont à l'origine d'un "contexte d'extrêmes violences".

T.C.

Des CRS se sont-ils comportés comme des casseurs à Strasbourg? "C'était sans doute sous l'effet du stress"

Par La rédaction du Post le 08/04/2009

La polémique ne retombe toujours pas.

Et les forces de l'ordre y sont au coeur, depuis les incidents survenus le week-end dernier à Strasbourg en marge du sommet de l'Otan.

La police est-elle arrivée trop tard dans le quartier du Port-du-Rhin? L'hôtel Ibis a-t-il été incendié car c'est là qu'un policier s'était fait voler des documents sur le dispositif de sécurité? Ces documents ont-ils réellement été volés? Et des armes aussi?

"Depuis ce week-end, ça n'arrête pas. C'est rumeur sur rumeur. On ne sait plus ce qui est vrai ou faux" nous dit un membre du syndicat Unsa police.

C'était sans compter sur une vidéo postée sur Dailymotion par plusieurs manifestants anti-Otan.

Une vidéo postée par Valjean sur Le Post dès dimanche 23h.

Sur laquelle on voit 3 CRS jeter des projectiles sur des manifestants, en contrebas d'une voie ferrée.

Contactés par Le Post lundi au sujet de ces images dont ils n'avaient "pas connaissance", les syndicats de police Alliance et Unsa police nous répondaient:

Alliance: "Les CRS n'ont pas vocation à jeter des pierres."

Unsa: "C'est plutôt les CRS qui prennent des caillous, non?"

Recontactés ce mercredi à ce sujet, ils réagissent à nouveau sur Le Post:

Qu'avez-vous vu sur cette vidéo?

Alliance: "On y voit clairement des forces de l'ordre lever leurs boucliers et recevoir des projectiles. On ne voit pas les projectiles qu'ils recoivent, car la qualité de l'image n'est pas bonne. Certains CRS jettent quelque chose qu'ils ramassent au sol: un caillou, un morceau de bois, mais on ne voit pas quoi. Ce sont des CRS, ils sont en tenue de maintien de l'ordre."

Unsa: "Des agents des forces de l'ordre, sur un terre-plein, à proximité de poteaux électrqiues. Ce sont des CRS ou des gendarmes mobiles -on ne voit pas clairement les deux liserets jaunes permettant d'affirmer qu'il s'agit bien de CRS-, qui, en effet, jettent des projectiles: caillous? grenades lacrymogènes? Vu la qualité de l'image, c'est difficile à dire. C'est peut-être une grenade lacrymogène à main."

Qu'en pensez-vous?

Alliance: "Je comprends que ces images puissent choquer. Mais, au regard de la gestion policière de ce sommet de l'Otan, c'est un épiphénomène. Ce n'est toutefois pas une logique acceptable. Mais, sur une vingtaine de CRS, seuls 2-3 sont concernés. Et nous devons prendre en compte le contexte de tension de ce jour-là."

Unsa: "Soyons prudents, et ne tirons pas de conclusions trop hâtives. Dès que nous avons eu connaissance de ces images, nous avons demandé une enquête de commandement, pour connaître leur contexte, ce qu'il s'est passé avant et après."

Comment expliquer ces gestes des forces de l'ordre?

Alliance: "Assez simplement finalement. D'après les premiers éléments de l'enquête, il semble bien que ces collègues aient manqué de grenades lacrymogènes et qu'ils n'avaient plus de quoi se défendre face à des jets de projectiles des manifestants. Sans doute sous l'effet du stress, de la tension ce jour-là, ils auraient machinalement et naturellement ramassé ce qui leur passait sous la main, probablement des caillous ou autres projectiles. Car ils en recevaient. Et les auraient jeté, pour se défendre."

Unsa: "C'est difficile de se prononcer sans avoir connaissance de tout le contexte de ces images."

Pourquoi auraient-ils manqué de grenades lacrymogènes?

Alliance: "Dans ce genre de situation, chaque policier a un certain nombre de projectiles de défense, 5 ou 6 petites grenades lacrymogènes par exemple. Ils sont à pied, et les ont à la ceinture. Maintenant, la situation ce jour-là était particulièrement difficile."

Unsa: "Je préfère ne pas me prononcer."

S'il est avéré que ces agents ont effectivement jeté des projectiles, que se passera-t-il pour eux?

Alliance: "S'il est prouvé que ces CRS ont jeté des projectiles autres que ceux qu'ils sont autorisés à utiliser -en l'occurence des grenades lacrymogènes-, ils seront bien évidemment sanctionnés."

Unsa: "On ne doit pas manquer de transparence. Nous voulons avoir le fin mot sur ces images, comme sur les autres éléments qui font débat autour de ce sommet. Si l'enquête démontre que ces agents des forces de l'ordre ont jeté autre chose que des grenades, ils seront sanctionnés, administrativement, et au tribunal. Un policier ou un gendarme n'est ni au-dessus, ni en-dessous des lois."

Voir aussi : "On demande aux forces de l'ordre de bien vouloir garder leur calme"

Sommet de l'Otan: les CRS ont-ils plutôt joué du caillou que de la matraque?

20 Minutes - 08.04.09

PROVOCATION - Une vidéo amateur montre un petit groupe de gendarmes mobiles jetant des projectiles sur une foule composite...
Strasbourg commence à laisser un goût de cendre dans la bouche des forces de l’ordre françaises. Alors qu’un policier tacle sa hiérarchie, qui ploie sous les critiques sur le dispositif dans le quartier Port du Rhin samedi 4 avril, c’est une vidéo montrant des CRS lançant des projectiles sur un cortège de manifestants mêlant pacifistes et quelques casseurs qui sème désormais le trouble.

La séquence, d'une durée de 10 minutes, a été mise en ligne sur Dailymotion dimanche 5 avril par un internaute. On observe un groupe de manifestants pacifistes bloqué par les forces de l'ordre et apparemment noyauté par plusieurs casseurs habillés de noirs et cagoulés. Les organisateurs essaient de les isoler.

Malgré leurs efforts, des affrontements éclatent entre policiers et casseurs, le défilé pacifiste doit rebrousser chemin. Mais, alors que les organisateurs appellent au calme, un groupe de CRS, installé sur le ballast le long de la route, se met à lancer des projectiles sur les manifestants. Les manifestants se défendent verbalement («Arrêtez, arrêtez»), crient leur incompréhension. Les forces de l’ordre ont-elles riposté à un caillassage par des jets de projectiles?

«Les CRS n'ont pas vocation à jeter des pierres»

Lundi après-midi, les «Dernières Nouvelles d’Alsace» relaient sur leur site la vidéo, qui complète, selon les journalistes locaux, un témoignage recueilli: «Et lorsque les forces de l’ordre ont pu remonter sur la voie ferrée, j’en ai très clairement vu certains ramasser des pierres pour les lancer... Parmi mes amis, il y a deux témoins oculaires. Trois à avoir eu la même illusion d’optique, c’est gros», écrit dany_dan sous le compte-rendu de la journée par les DNA.

Interrogés mardi par «Le Post», le syndicat Alliance police comme l'Unsa police ont expliqué ne pas avoir eu connaissance de cette vidéo. Invités à commenter, ils ont critiqué cette pratique. «Les CRS n'ont pas vocation à jeter des pierres», explique Alliance. «C'est plutôt les CRS qui prennent des caillous, non?» ajoute ironiquement Unsa police.
M.Gr.

Des anti-Otan ligériens à Strasbourg : « Un climat de guérilla »

Le Progres le 08.04.2009 - Claire est enseignante à la Ricamarie, Josette militante syndicale à Saint-Étienne, Raphaël étudiant en BTS. Tous trois, pacifistes, ont manifesté ce week-end à Strasbourg contre le retour de la France dans l'Otan. Ils ne sont pas prêts d'oublier leur séjour en Alsace : « A 50 km de l'arrivée, notre car a été dévié ». Un itinéraire bis pour rejoindre le centre de Strasbourg où, d'emblée, les trois Ligériens ont senti une forte présence policière. « Nous avons aperçu au loin une fumée noire. Des passants qui rebroussaient chemin nous disaient : n'avancez plus vous allez entrer dans la nasse. Nous étions là pour manifester dans le calme, derrière notre banderole « Pour une Europe pacifiste et solidaire » et très vite, nous nous sommes retrouvés dans un climat de guérilla urbaine : affrontements des anti-Otan avec les forces de l'ordre, grenades assourdissantes, fusées éclairantes, quatre hélicoptères qui tournoyaient en permanence. Notre défilé, pour progresser, devait négocier régulièrement avec les forces de l'ordre.

C'est alors que des jeunes (entre 15 et 20 ans), qui n'étaient d'ailleurs pas venus des quartiers de Strasbourg, sont apparus, jetant des pierres sur les CRS. Nous avons cherché à les raisonner, à les protéger en formant une chaîne humaine ». [Note du webmestre : il s'agit d'une erreur du journaliste : la chaîne a été formée pour empêcher que les casseurs aillent vers l'avant du cortège, et non pour les protéger]. Mais cela n'a pas empêché les charges policières.

« Nous avons tous été gazés. On nous a considérés comme de vulgaires terroristes. On nous a dépossédés » du sens premier de notre manifestation qui se voulait pacifiste. On a tous fait pour faire monter la tension. Le côté positif ? L'accueil des Strasbourgeois. « Ils nous disaient : soyez calmes, on y tient à notre quartier… »

Recueilli par André Gavidia

Communiqué de la Cgt suite au Sommet de l’Otan

Lors du Sommet de l’Otan du 3 au 5 Avril à Strasbourg, le Président Sarkozy a donc officialisé le retour de la France dans le Commandement intégré de l’Otan, qu’elle avait quitté il y a 43 ans.
La CGT, qui a participé à la manifestation le 4 Avril à Strasbourg organisée par le Collectif anti­Otan, condamne fermement cette réintégration.
Elle s’est faite sans un véritable débat public, le Chef du Gouvernement allant jusqu’à engager sa responsabilité lors du débat à l’Assemblée nationale du 17 Mars.
Ce retour risque de conforter l’organisation atlantiste dans des interventions armées et les modes militaires plutôt que les modes politiques et la diplomatie.
La CGT continuera son action revendicative pour exiger la dissolution de l’OTAN qui n’a plus raison d’être.
Pour la CGT, nous réclamons un rôle nouveau de l’ONU avec une évolution du Conseil de Sécurité et des modalités du droit de veto qu’il conviendrait d’aménager tout en prévoyant, le cas échéant, des moyens militaires permanents mis à disposition de l’ONU en cas de crise.
Concernant l’Europe, la CGT se prononce pour une véritable politique de sécurité collective, forte de l’indépendance et de la souveraineté des états membres, vis­à­vis des Etats­Unis.
Lors de cette manifestation à Strasbourg, de nombreux heurts se sont déroulés. La manifestation n’a d’ailleurs pu être menée à son terme.
La CGT tient à condamner les groupes minoritaires qui ont procédé à ces exactions. Elle dénonce aussi l’attitude inadmissible des autorités policières au plus haut niveau, qui a engendré cette situation.
Il n’est pas acceptable d’avoir parqué le rassemblement à plus de 7 km du centre ville, et ce sans transports en commun.
Il n’est pas acceptable non plus d’avoir bloqué ponts et routes tout autour du lieu de rassemblement, encerclant ainsi des dizaines de milliers de manifestants pacifistes, entre casseurs et forces de l’ordre, incitant à la provocation.
D’autres choix de parcours auraient été plus judicieux et auraient sans doute permis le bon déroulement du défilé pacifiste.
La CGT s’interroge sur le fait que près de 10 000 pacifistes allemands n’aient pu rejoindre le cortège, alors que dans le même temps des groupes de casseurs bien identifiés ont pu passer.
La CGT ne peut que regretter que les voix des 30 000 manifestants pacifistes n’aient pas été mieux entendues et mieux relayées ; et elle rejette les propos récents du Président le la République caricaturant les manifestants « de pacifistes avec des haches et des barres de fer ».
Montreuil, le 8 Avril 2009

Sommet de l'OTAN : confusion sur des mises en examen à Strasbourg

LEMONDE.FR avec Reuters 07.04.09 - Nouveau rebondissement lié aux incidents qui ont éclaté ce week-end lors du sommet de l'OTAN. Il y aurait eu une confusion sur les chefs d'accusation retenus contre les deux personnes mises en examen et écrouées lundi à Strasbourg. Elles ont été jugées pour "vol et dégradations par incendie" mais ne l'ont pas été pour l'incendie de l'ancien poste de douane du pont de l'Europe, contrairement à ce qu'avaient laissé entendre plusieurs autorités. Selon le parquet, les deux jeunes hommes, un Allemand de 22 ans et un lycéen russe de 18 ans résidant en Allemagne, sont en fait poursuivis pour une tentative d'incendie sur un bâtiment des douanes situé dans une cour grillagée en contrebas du pont de l'Europe.

Plusieurs centaines de casseurs cagoulés et masqués ont dévasté samedi les abords du pont de l'Europe durant près d'une heure et demie sans être inquiétés, en marge d'une manifestation d'opposants au sommet de l'OTAN. Selon le directeur adjoint des douanes de Strasbourg, les deux jeunes gens écroués lundi ont provoqué un début d'incendie dans un local d'archives, causant "des dégâts assez sérieux" au bâtiment qui abrite la brigade de surveillance et les services de dédouanement. Ils ont également volé des tampons, a indiqué le parquet. Suivis par un douanier, "ils ont été interpellés dans la foulée", a précisé le substitut du procureur. Il n'y a eu en revanche aucune interpellation concernant les incendies les plus sérieux. Outre l'ancien poste de douane, un hôtel et une pharmacie ont également été détruits par les flammes.
Des enquêtes sont en cours, selon la justice.

Lundi, six manifestants, trois Français et trois Allemands âgés de 20 à 30 ans, ont été jugés en comparution immédiate à Strasbourg et condamnés à des peines de trois à six mois de prison ferme ou avec sursis pour des ports d'arme de 6e catégorie, violence aggravée ou participation à un attroupement. Un Allemand poursuivi pour violence aggravée et trois Français interpellés en possession de produits pouvant servir à la fabrication d'engins incendiaires ont demandé le renvoi de leur dossier et seront jugés le 5 mai.

Un article satirique pour "casser" la polémique sur les "casseurs"

Mardi 7 avril 2009 - source

Les casseurs ont envahi Strasbourg les 3 et 4 avril 2009 !

Des milliers de casseurs se sont réunis ce week end à Strasbourg. Selon nos sources, il s’agirait de militant-e-s bien connu de la nébuleuse liée à l’Organisation Terroriste de l’Atlantique Nord (OTAN).

Cette nébuleuse s’est illustrée par de nombreux actes de destruction et de vandalisme, particulièrement à Bagdad, Kaboul, mais aussi en Yougoslavie.

Certains sous groupes, notamment la branche française de l’organisation, auraient trempé dans des violences telles que le génocide rwandais, ou la guerre civile algérienne.

Selon des sources bien informés, l’organisation opérerait de manière directe ou indirecte, en lien avec d’autres organisations terroristes du même type.

Habillés en treillis, en costumes à cravates, ces casseurs tenteraient d’infiltrer ce sommet pour en faire une tribune, sous prétexte de « défendre la paix dans le monde ».

Ils sembleraient, selon des spécialistes, que ces hooligans utilisent les moyens de communication les plus modernes pour coordonner leurs actions terroristes.

D’aucun parlent même de lien avec la mouvance politicienne-bourgeoise internationale (MPBI) ; elle même liée à des réseaux troubles de financement telles l’organisation de combat des traders et banquiers pour le triomphe du profit (OCTBTP)...

Une polémique a émergé sur le laxisme dont auraient fait preuve notamment les forces de l’ordre journalistique, accusées de complaisance avec les casseurs.

Les syndicats de journalistes ont opposé un vigoureux démenti (soutenus par leur ministre de tutelle, Michelle A. M.) et exigé des moyens supplémentaire pour pouvoir assurer leur métier dans de meilleures conditions.

« C’est à cette condition que sera assuré la paix républicaine » a précisé leur représentant syndical.

Une dépêche de l’Agence France Policière (AFP)

Anonyme

Polémique après les violences à Strasbourg

Les violences terminées, la polémique enfle après un week-end d’affrontements entre forces de l’ordre et casseurs en marge du sommet de l’Otan à Strasbourg.
Le Parisien - Jean-Marc Ducos et Eric Hacquemand 07.04.2009

Tout au long de la journée, les responsables politiques se sont opposés sur le thème : à qui la faute ? Après les événements de Strasbourg où deux quartiers ont été sinistrés par des casseurs infiltrés dans les manifestations anti-Otan, chacun, à droite comme à gauche, s’est renvoyé la balle.

Hier, l’UMP a réagi la première par la voix de Frédéric Lefebvre. Le porte-parole a adressé « un carton rouge » au MoDem et au PS soupçonné de « courir derrière » Olivier Besancenot, qualifié de « vitrine légale des casseurs ».
Osant un parallèle entre les violences du week-end, à Strasbourg et en Corse, et les séquestrations de patrons, Lefebvre accuse Martine Aubry, François Bayrou et Ségolène Royal de « participer à l’incitation à la violence ». La réplique ne s’est pas fait attendre. « Ces violences sont inacceptables et leurs auteurs jugés sévèrement. On peut s’étonner que les manifestants aient été repoussés dans un quartier en difficulté », rétorque Martine Aubry.

« Ce quartier n’était pas identifié comme une cible »

Affirmant avoir été pris dans « une vraie souricière », Besancenot a répliqué : pour lui, les autorités « portent l’entière responsabilité des violences ». Lui emboîtant le pas, la porte-parole de Royal, la députée Delphine Batho, a concentré son tir sur Michèle Alliot-Marie invitée à apporter « des explications claires » sur le comportement des forces de l’ordre. « Nous ne pouvons croire qu’on aurait délibérément laissé agir les casseurs », insinue la députée. Promettant des « indemnisations » pour les dégâts causés, Alliot-Marie a préféré marteler que le dispositif prévu était « parfaitement adapté ».
L’hôtel Ibis du pont de l’Europe détruit samedi lors de la manifestation anti-Otan ne l’a sans doute pas été par hasard. Une trentaine de policiers y logeaient. C’est dans ce même établissement qu’un officier de police s’est fait dérober avant le début du sommet une valise avec des instructions sur le dispositif de sécurité. Une information que le parquet de Strasbourg n’a pas souhaité commenter. Une enquête a été confiée à la police judiciaire pour savoir si l’attaque est liée à ce vol. Hier, la préfecture du Bas-Rhin a donné des justifications estimant que « ce quartier n’était pas identifié comme une cible pour les casseurs », selon Hervé Niel, le coordinateur sécurité du sommet de l’Otan qui dirigeait 10 000 policiers et gendarmes.
Pour rentrer en France, les « cagoules noires » ont tout simplement contourné les frontières contrôlées. Dans les rangs de la manifestation, ces casseurs, sur le signe d’un leader, passaient à l’action. Pour communiquer, ils utilisent un simple mot écrit sur un bout de papier qui circule de main en main. Chacun sachant ce que cela signifie. Les Black Blocks ont ensuite vite quitté leurs uniformes et leurs cagoules pour revêtir des vêtements plus neutres. Les treillis noirs jonchaient les fossés autour du parcours. Ils sont repartis en anonymes, comme ils étaient venus.

Témoignage :« Je criais aux policiers : "Arrêtez, arrêtez !" »
DNA - 7 avril 2009 - Par Matthieu Mondoloni (19h05)

Alors que le préfet est resté, hier lors d’une conférence de presse, campé sur ses positions, justifiant ses choix stratégiques, la polémique se poursuit sur les incidents qui ont émaillé la manifestation. Pour amneris54(*), militante présente samedi à Strasbourg, des membres des forces de l’ordre ont eu, au même titre que les casseurs, des comportements injustifiables. C’est elle qui a filmé la vidéo où l’on voit des policiers jeter des projectiles sur des manifestants.

« Je suis arrivé de Dijon le samedi 4 avril, très difficilement en raison de l’important dispositif de sécurité mis en place. Nous devions rejoindre Strasbourg le matin, mais nous ne sommes finalement arrivés qu’à la mi-journée. Ce qui m’a frappé, c’est l’endroit où nous avons atterri : un vrai no man’s land. C’était complètement perdu et on sentait que l’ambiance était déjà très tendue. »

Amneris54 fait partie d’un collectif pacifiste dijonnais, le Collectif solidarité Palestine : il regroupe 16 associations, dont le MRAP et le Mouvement pour la paix. « C’est à la demande de la présidente du Mouvement pour la paix de Dijon que j’ai filmé la quasi totalité de la manifestation. Nous étions en tête de cortège au niveau de la banderole qui ouvrait la manifestation. »


De 10.000 (préfecture) à 30.000 (organisateurs) manifestants.
Photo DNA-Jean-Christophe Dorn

« L’atmosphère était électrique, se souvient cette militante d’une cinquantaine d’années. Quand la manifestation est entrée dans cette grande rue [la rue du Port du Rhin, ndlr], un ami m’a dit que cela lui faisait penser à l’ambiance de mai 68, mais en pire. On sentait beaucoup de tensions. »

Rapidement, les manifestants se trouvent pris en étau dans cette artère du quartier. Bloqués devant et derrière par les forces de l’ordre, ils n’avancent plus. « On ne savait plus où aller, poursuit amneris54, et puis ça a dégénéré... »

Les black blocs et d’autres militants radicaux jettent des pierres sur les forces de l’ordre à l’avant du cortège, depuis le ballast qui sépare la rue du Port du Rhin et la rue Coulaux. Les policiers réagissent et envoient des grenades lacrymogènes au milieu de la foule qui se disloque. La majorité des manifestants sont repartis d’où ils venaient [vers le pont d’Anvers, ndlr]. « Nous, nous avons suivi les voies de chemin de fer sur la droite. »

Amneris54 et ses amis choisissent de passer par la rue de la Coopérative, alors que des casseurs sont encore en train d’en découdre avec les policiers. C’est avant de s’y engager qu’elle filme la scène qui fait polémique, ici dans sa version courte :

« Les policiers ont commencé à jeter des projectiles. Ils visaient apparemment des casseurs, mais ces derniers étaient au milieu de militants pacifistes ! C’est pour cela que les gens leur demandent de stopper. D’ailleurs vous m’entendez également dans la vidéo. Je leur criais : "Arrêtez, arrêtez !" »

Une seconde vidéo, qui montre apparemment la même scène d’un autre point de vue, a également été mise en ligne sur Dailymotion.

(*) Cette manifestante d’une cinquantaine d’années a souhaité garder l’anonymat.

Les contradictions du samedi 4 avril

Samedi, il était plus facile de faire le vide autour de la cathédrale de Strasbourg pour accueillir les femmes des chefs d'Etat que d'empêcher le saccage d'un hôtel et d'une pharmacie proches de Kehl. C'est cette disproportion entre les forces déployées par avance en centre-ville et celles qui ont été dépêchées en périphérie qui nourrit la polémique.

Le Port-du-Rhin, malgré son nom, n'a rien d'une zone industrielle. Plusieurs dizaines de familles habitent à proximité des bâtiments détruits. En incendiant un hôtel, les casseurs sont passés de la délinquance à la criminalité. Ils auraient pu tuer par asphyxie un client coincé dans une chambre, cela d'autant plus que les pompiers ont vu leur arrivée retardée à cause des déviations et barrages de police. Tout le monde a par ailleurs noté qu'il y avait bien plus de voitures de pompiers près de la place Gutenberg qu'à proximité du cortège anti-OTAN.
S'agissant des gendarmes et CRS, l'analyse est plus compliquée qu'il n'y paraît. Il y a beaucoup d'angélisme - ou de mauvaise foi - dans l'argument selon lequel ce sont les vastes déploiements policiers qui ont suscité les violences. Des témoins ont souligné le fonctionnement très organisé des casseurs du black block, lesquels se sont empressés, en fin de manifestation, de brûler leurs habits noirs afin de rejoindre, en tenue "civile" et en toute impunité, les rangs des manifestants pacifiques. Ce n'est sans doute pas délirer que d'imaginer que ces casseurs auraient été tout aussi violents s'ils avaient pu aller au centre-ville à la faveur d'un parcours de "manif" moins périphérique.
Ici réside la contradiction majeure de cette journée : elle voulait crier au monde des slogans contre la guerre mais a installé des scènes de guerre civile dans un quartier pris en otage par quelques jeunes pour lesquels l'usage du cocktail Molotov vaut dogme. Brûler une pharmacie est-il un acte de bravoure révolutionnaire contre le grand Capital ?
En s'infiltrant dans la manifestation puis en s'en prenant à ceux des manifestants qui voulaient empêcher le saccage, les casseurs ont donné une tonalité violente à un cortège qui ne l'était pas. Devenu l'abcès de fixation de ce sommet, le Port-du-Rhin, qui n'a pourtant rien d'un quartier doré, en a fait les frais, de même que les pacifistes de bonne foi.

De bonne foi, mais pris dans une nasse

Au plus fort de l'après-midi, de nombreux manifestants n'ayant pas commis de violences se sont trouvés coincés sous une voie de chemin de fer, entre les barrières des forces de l'ordre et les projectiles des casseurs. Ces manifestants sont les plus amers face au dispositif policier car ils ont eu énormément de mal à sortir de la nasse, même en levant les mains pour dire qu'ils n'étaient pas vindicatifs. Si une vague de panique était née à cet instant, les moins costauds auraient été piétinés.
Ce sont toutes ces situations qui doivent être décortiquées. Elles soulignent la complexité d'un débat qui mêle plusieurs facteurs : liberté d'expression, organisation d'un cortège hétéroclite, présence ou non d'un service d'ordre interne à la "manif", dosage de la force publique, protection des biens et des personnes sur l'ensemble du ban communal - y compris loin des hôtels où logeaient les chefs d'Etat.
On peut toujours se rassurer en se disant qu'il n'y a pas eu mort d'homme, comme ce fut le cas au sommet du G 8 à Gênes en juillet 2001. Mais à l'échelle de l'émotion suscitée par cette journée, il est sûr que beaucoup de Strasbourgeois ne garderont pas du 60e anniversaire de l'OTAN la seule image sympathique de chefs d'Etat gentiment alignés sur une passerelle élégamment posée au-dessus du Rhin.

Dominique Jung - DNA 7 avril 2009

Communiqué verts strasbourg : OTAN - NATO

Des milliers de Strasbourgeois se sont mobilisées le 4 avril à Strasbourg pour dire "non à l'Otan et non à la guerre". Malgré les mesures de répression, d'intimidation et de blocage de la part des forces de l'ordre, les strasbourgeois ont exprimé fortement leur opposition à l'OTAN en faisant preuve de courage en se rendant malgré tout nombreux à la manifestation.

Pourtant le parcours de la manifestation et les conditions dans lesquelles elle s'est déroulée ont tout fait pour empêcher que la mobilisation soit forte et que l'expression démocratique puisse s'exprimer.
Retour sur le choix du tracé. Celui-ci, d'après la préfecture, devait permettre aux Allemands de nous rejoindre sur le jardin des deux rives côté français et "d'éviter un maximum de casse".

La préfecture a fait le contraire que ce qui était prévu.
D'une part, en bloquant l'accès aux ponts Vauban et Anvers jusqu'à 12h45, soit deux heures après l'horaire convenu avec la préfecture, d'autre part en ne donnant pas leur accord pour que les 10 000 manifestants pacifiques allemands traversent le pont de l'Europe. Ces deux décisions n'ont pas aidé les organisateurs pour le bon déroulement de la manifestation.

Le comportement des forces de l'ordre a clairement montré que toute expression contre les organisations internationales de type G8, G20 ou sommet de l'OTAN doit être sévèrement contrecarrée.
C'est une position politique que notre chef d'état assume complètement, n'hésitant pas à mettre en danger des populations et les manifestants pacifiques qui s'expriment de manière non-violente.

Les forces de l'ordre, plutôt que de sécuriser les quartiers habités du Port du Rhin, ont abandonné leurs habitants en laissant pendant plus d'une heure des individus mettre le feu à plusieurs bâtiments.
Comment plusieurs centaines d'individus peuvent-ils commettre de tels agissements, que nous condamnons très fermement, alors que plus de 20 000 policiers sont mobilisés dans Strasbourg ? Pourquoi les forces de l'ordre n'ont interpellé que 23 personnes le jour de la manifestation alors que de nombreuses exactions étaient commises sous leurs yeux et en la présence de plusieurs hélicoptères ?

Le harcèlement incessants des hélicoptères volant à basse altitude ont participé à faire monter l'angoisse et la tension. Les jets de bombes lacrymogènes aux alentours du champ de rassemblement ont définitivement gâché la fête des manifestants pacifistes entraînant une panique, imposant aux organisateurs d'improviser le départ du cortège.

Les Strasbourgeois qui ont été témoins de ces exactions ou qui ont participé à la manifestation ne sont pas dupes et ont soutenu fortement la mobilisation contre l'OTAN et ses politiques agressives et guerrières. Plus de 800 drapeaux de la paix ont été vendus et pavoisent les fenêtres et balcons de nos concitoyens, de nombreux groupes de soutien sont créés sur internet pour défendre la liberté d'expression, pour dénoncer l'état de guerre dans lequel nous sommes depuis 10 jours à Strasbourg ou pour dénoncer les exactions des forces de l'ordre avant pendant et après la manifestation.

Au lendemain de la manifestation, le Campement autogéré était totalement bouclé. Des barrages et des filtrages des personnes du village ont été exécutés ; des livres , affiches, banderoles confisqués.

La façon dont les manifestants pacifistes ont été traités ce 4 avril montre le peu de respect des autorités préfectorales pour la liberté d'expression démocratique.

Les Verts Strasbourg souhaitent que le plus de monde possible réponde à l'appel des habitants du Port du Rhin en manifestant leur solidarité le mercredi 8 avril 2009 à 14h devant l'école du Port du Rhin.

7 Avril 2009 - Manuel Santiago
Porte Parole des Verts Strasbourg

OTAN : communiqué de l'UD CGT 67

L’UD CGT 67 dénonce les actes de violence commis et exprime sa solidarité avec les habitants du quartier du Port du Rhin lors de la manifestation pour la paix et contre l’OTAN du samedi 4 avril 2009 à Strasbourg.. Mais l’écran noir des fumées des incendies ne doit pas cacher les responsabilités des autorités de police.

L’UD CGT 67 dénonce l’attitude irresponsable des autorités de police qui n’avaient comme seul et unique objectif d’empêcher l’accès au centre ville. Les habitants du quartier déshérité du Port du Rhin et les manifestants pacifiques n’étaient manifestement pas au cœur des préoccupations de la police.

On peut légitimement se demander si tout n’a pas été fait sciemment afin que la manifestation ne dégénère.

Alors que pendant plusieurs semaines des négociations ont eu lieu régulièrement entre la Préfecture, les autorités de police et de gendarmerie et le Collectif Anti Otan, la seule préoccupation des autorités samedi aura été d’empêcher l’accès des manifestants au centre ville.

Il avait été convenu que l’accès des délégations venues d’Allemagne serait possible par le pont de l’Europe. Or il a été fermé unilatéralement alors qu’à ce moment là il n’y avait pas de violences au port du Rhin.

L’accès des manifestants au lieu du rassemblement du Jardin des Deux Rives a ensuite été retardé et même empêché pour plusieurs milliers de manifestants pacifistes, par les forces de police. Les forces de police étaient étrangement absentes du quartier du port du Rhin et du Jardin des Deux Rives. En toute impunité, les casseurs ont pu donc commencer à saccager le quartier.

Pourquoi les forces de police sont elles restées passives dans le quartier du Port du Rhin en laissant flamber les anciens locaux de la douane avant d’intervenir aussi tardivement ?

Pourquoi les forces de police ont-elles chargé et gazé la fin du cortège au pont d’Anvers alors que tout se déroulait pacifiquement ?

Pourquoi les forces de police ont-elles bloqué le cortège avant la rue Coulaux alors qu’une sortie par la rue de la Coopérative était possible ?

L’UD CGT 67 réaffirme que le droit de manifester est une liberté fondamentale. La mission des autorités de police n’était pas, seulement, de protéger les puissants de l’OTAN et les habitants du centre ville, mais de permettre aux manifestants de défiler pacifiquement tout en protégeant les quartiers périphériques.

L'UD CGT 67 soutient et appelle à participer à la manifestation organisée par des habitants du Port du Rhin le mercredi 8 avril 2009 à 14h devant l’école du Port du Rhin.

Jacky WAGNER, pour l'UD CGT 67

Des CRS accusés d'avoir "caillassé" des manifestants

NOUVELOBS.COM 07.04.2009

Une vidéo montre des CRS lançant des projectiles sur un groupe de manifestants pacifistes, mais noyauté par des casseurs, lors des manifestations anti-Otan du 4 avril à Strasbourg.
Une vidéo circulant ces derniers jours sur internet montrerait un groupe de CRS jetant des projectiles sur un groupe de manifestants qui défilaient, samedi 4 avril, contre le sommet de l'Otan à Strasbourg, rapporte lepost.fr mardi 7 avril.
La séquence, d'une durée de 10 minutes, a été mise en ligne sur le site Dailymotion le lundi 6 avril par un internaute inscrit sous le pseudo de "Amneris54". On peut y voir, tout d'abord, un groupe de manifestants pacifistes bloqué par les forces de l'ordre et apparemment noyauté par plusieurs casseurs habillés de noirs et cagoulés que les organisateurs tentent de neutraliser en les isolants. Malgré leurs efforts des affrontements éclatent entre policiers et casseurs, obligeant le défilé pacifiste à rebrousser chemin. Mais, alors les organisateurs appellent au calme, un groupe de CRS installés sur un terre-plein le long de la route se met à lancer des projectiles sur le cortège.
Le lendemain de sa mise en ligne, la vidéo a été classée par Dailymotion comme "contenu inapproprié", réservé aux adultes.

Accès limité

Lundi 6 mai, un autre internaute postait un extrait de la séquence originale, ne montrant que la dernière séquence, et intitulé "les CRS caillassent des anti-Otan".
Interrogés mardi matin par le Post, le syndicat Alliance police a estimé que "les CRS n'ont pas vocation à jeter des pierres", tandis que l'Unsa police s'est étonnée, "c'est plutôt les CRS qui prennent des cailloux, non?". Les deux syndicats ont déclaré n'avoir pas eu connaissance de ces vidéos pendant leur entretien.

Strasbourg : Les autorités ont ignoré les conseils allemands

Mardi 7 avril 2009 - Le temps

La police critiquée pour les saccages de Strasbourg - Sylvain Besson
Les autorités ont ignoré les conseils allemands pour contrecarrer les casseurs du Black Block

Ce devait être une superbe vitrine diplomatique pour Nicolas Sarkozy. Mais le sommet de l’OTAN, le week-end passé à Strasbourg, s’est transformé en source d’embarras pour les autorités françaises, accusées d’avoir laissé des quartiers entiers à la merci de saccageurs anarchistes. Lundi, trois Allemands accusés d’avoir participé aux troubles ont été condamnés à des peines de 3 à 6 mois de prison ferme.

«Les forces de l’ordre n’ont pas pu tout empêcher», a avoué la ministre de l’Intérieur, Michèle Alliot-Marie. Selon le maire socialiste de Strasbourg, Roland Ries, «les casseurs ont pu avoir le terrain libre pendant près d’une heure», samedi, à la périphérie de la ville, ce qui leur a permis d’incendier plusieurs bâtiments. «A l’hôtel Ibis, il aurait pu y avoir des morts», estime son premier adjoint, Robert Herrmann.

Comment expliquer que quelque 2000 «autonomes» aient pu narguer 9000 policiers? Le Ministère de l’intérieur avance trois explications : il fallait d’abord assurer la sécurité du sommet, les casseurs se sont mêlés aux manifestants pacifiques et ces derniers n’avaient pas de service d’ordre, ce qui a compliqué l’encadrement du cortège.

Du côté des manifestants, on reproche aux policiers d’avoir créé des «mouvements de panique» en arrosant la foule de grenades lacrymogènes. Mais les critiques les plus cruelles sont venues de policiers allemands, qui avouent avoir «de la peine à comprendre» l’attitude de leurs collègues français. Pourquoi avoir refusé leurs offres de renforts? Pourquoi a-t-il fallu que les Allemands escortent des pompiers français venus éteindre l’incendie d’un poste de douane désaffecté, alors que la police française s’était retirée?

Surtout, les Français semblent avoir ignoré les règles d’or en matière de lutte contre les «autonomes» de type Black Block : bloquer l’entrée des militants étrangers, les priver d’espace par un quadrillage intensif et empêcher leur rassemblement dans de grands camps.

Or, les autorités françaises avaient laissé s’installer près de Strasbourg un «village de résistance» de 15 hectares, prévu pour 6000 personnes et organisé selon une philosophie autogestionnaire, végétalienne et anticapitaliste identique à celle du Black Block. Vendredi, certains hôtes du camp s’étaient déjà vantés d’avoir repoussé la «flicaille» lancée aux trousses d’activistes qui avaient fiché un pieu dans un véhicule de l’armée. Un incident qui, selon Robert Herrmann, aurait également pu être mortel.

No to NATO, Oui au Diplo !

Là bas si j'y suis, émission de Daniel Mermet le lundi 6 avril 2009

Reportage de Pascale Pascariello à Strasbourg, lors du week-end du sommet de l’OTAN.

Action de blocage partie de la place de l'université

Block Nato - 6 avril - Le rendez-vous public de Block-Nato avait été fixé à 6:00 devant le Palais Universitaire de Strasbourg, place de l'Université. Cette place, au croisement de nombreuses rues, située entre les deux zones orange mais très ouverte sur la ville, présentait un endroit stratégiquement intéressant pour partir pour l'action de blocage.

Depuis certains points de la ville, l'accès à cette place était cependant très difficile, puisque l'espace initialement "en zone libre" séparant les deux "zones occupées", et permettant de se rendre de l'est à l'ouest de la ville, s'est vu agrémenté d'un passage protégé pour joindre les deux zones. Cela impliquait un contrôle policier obligatoire pour passer de l'est à l'ouest, il limitait donc l'accès au point de rendez-vous public pour les personnes habitant à l'ouest de la ville.

Arrivé-es sur place, 200 activistes et de nombreu-ses/x journalistes étaient présent-es. La samba du Pink&Silver Block étaient également là. Bizarrement, aucun policier en uniforme à proximité. Après quelques petites explications de l'action au mégaphone, les activistes se sont mis en cortège pour avancer vers la zone orange du nord de la ville.
Trente secondes après l'annonce du départ, alors que le cortège était encore sur la place et sans aucune sommation, une pluie de grenades lacrymogènes nous est tombée sur la gueule. Un épais brouillard de lacrymogène a obligé les activistes suffocant-es à se diriger vers l'avenue de la marseillaise où de nouvelles grenades lacrymogènes on été tirées, toujours sans aucun policier visible. Au rythme des tambours de la samba, nous avons traversé les nuages pour nous diriger vers la place de la république.

Alors que le jour se levait, le cortège s'est alors dirigé vers la zone orange nord, qui enferme le palais de la musique et des congrès. Après une bonne demi-heure d'hésitation à côté du parc des Contades, le groupe s'est remis en branle pour avancer vers la zone orange au bout de l'avenue de la paix, à 100m de laquelle de nouveau tirs de lacrymos ont été effectués. Les tirs de lacrymogènes et les bousculades par des policiers, dont certains en civil mais casqués, ont duré une bonne demi-heure. Étrangement, cela n'a amené aucune immobilisation effective de notre groupe, nous laissant la possibilité de faire des allers-retours rythmés par des jets de lacrymos dans l'avenue de la Paix.

Face à notre non-violence active, la police a usé de la violence par le biais de flashball tiré à moins de 2m contre un joueur de samba et de sprays lacrymogènes en grande dose dans le visage de plusieurs manifestant-es.

Après décision collective, le groupe d'activistes s'est dirigé vers le croisement de l'avenue de la Paix et de l'avenue des Vosges, où un blocage symbolique, musical, et coloré a pu avoir lieu pendant plus de 5h.
De nombreu-ses/x activistes ainsi qu'une unité mobile de l'armée des clowns ont pu rejoindre ce point de blocage en milieu de matinée.

Le blocage a permis de montrer au voisinage de manière dansante et clownesque que l'OTAN n'était pas bienvenue dans Strasbourg, et en rappelant aux participant-es du sommet officiel qui traversaient le carrefour à pied notre opposition à leur cirque guerrier.

Le blocage a été levé par les participant-es à 13h, afin de rejoindre la grande manifestation 2km plus loin. Ce trajet en cortège a permis de montrer à la population strasbourgeoise notre refus de la politique guerrière de l'OTAN, et a également été l'occasion de manifester en centre ville en dépit de l'interdiction préfectorale.
Notre cortège a grossi tout au long de son trajet, accueillant de nombreu-ses/x habitant-es des immeubles bordant le chemin. Beaucoup d'autres habitant-es nous ont exprimé de diverses manières leur soutien depuis leur fenêtre.


Brume du matin, chagrin


Avenue de la paix


Probablement la BAC casquée


La samba joue toujours


Non-violence active


Les clowns relèvent la garde de la gendarmerie

Photos : copyleft Noisette

 

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